Il était évident qu'après la brillante réussite qu'avait été "Angels of Distress", le précédent album du groupe sorti il y à maintenant trois ans, les Finlandais allaient être attendu au tournant avec ce troisième opus, d'autant que l'attente fût un tantinet longuette. Pas de grands bouleversements à espérer ou plutôt craindre, du coté du sextet qui est resté fidèle aux studios Hellhole et au style qui lui avait si bien réussi jusque là. Dès la première écoute, on reconnaît le style si efficace du groupe et on est plongé dans des ambiances lourdes et on ne peut plus mélancoliques qui vous noient tout aussi rapidement dans un océan de tristesse que l'on dirait formé de toutes les larmes du monde (où un truc du genre, à vous de voir). Là où le bât blesse, c'est que même après les nombreuses écoutes qu'une telle œuvre nécessite et que n'importe quel album de SHAPE OF DESPAIR impose avant d'être assimilée, j'ai toujours la même sensation persistante que le groupe n'a pas réussi à réitérer la composition d'une œuvre d'égale qualité. Les morceaux sont bien sûr longs, rien d'anormal pour ce groupe mais je trouve que certaines de ces longueurs ne se justifient pas et sont à presque, oserais-je dire, du remplissage comme par exemple toute la seconde partie de "Still-motion" titre le plus long de l'album qui dépasse allègrement le quart d'heure, seconde partie qui se perd pendant plus de huit minutes dans un ambient pas vraiment inspiré. A coté de cela on trouve des titres excellents tels que "Entwined in misery" ou "Curse life", qui lui fait suite, et qui sont vraiment l'œuvre d'un SHAPE OF DESPAIR en très grande forme. Il ne faut pas voir en ce "Illusion's Play" une pâle copie de "Angel of Distress" car il n'en ait vraiment rien. Les différences sont quand même assez importantes? Le groupe ne s'est nullement endormi sur ses lauriers et a mûri. Il ne cherche plus à rendre sa musique la plus sombre possible. La noirceur qui se dégage de cette nouvelle galette est relativement moindre que sur ses prédécesseurs. Le chant est féminin est moins présent qu'auparavant, on n'en trouve que sur trois des six titres qui composent cet album. Les claviers en revanche, même s'ils demeurent discrets ont vu leur part augmentée. Leur efficacité est toujours aussi grande. La production vraiment excellente renforce le coté lumineux (disons une lueur blafarde) qui se dégage de cet album.
On ne touche sans doute pas au génie avec "Illusion's Play" mais les finlandais restent sans problème dans le peloton des valeurs sures du doom. Un groupe toujours incontournable et un album qui même juste bon et nécessitant à mon goût de gros efforts et plus d'écoutes que les précédents avant d'être digéré, n'en est pas moins quasi indispensable pour toute discothèque de doom qui se respecte.




Rédigé par : Sheb | 15/20 | Nb de lectures : 11553