Malgré mon rôle de chroniqueur hardcore, il m’arrive cependant de me pencher sur des disques plus ancrés dans le métal. Je prends pour exemple ce disque de Shaped By Fate qui, au premier abord, a de quoi rebuter : une pochette abominable et des titres de chansons dignes de Trivium. Mouais…

Et pourtant Dieu sait que l’habit ne fait pas le moine car derrière sa couverture ignoble, affreuse, à deux doigts du vomitif, se cache un très bon disque que l’on pourrait placer entre Misery Signals, Johnny Truant et Stampin Ground. Musicalement, on a donc affaire à un gros thrash moderne mélodique saupoudré çà et là (il faut bien l’avouer) de quelques touches hardcore (pour les mosh parts). Certains s’obstinent à appeler ce courant thrashcore mais laissons les colleurs d’étiquettes s’éclater avec leurs termes à la mords-moi-le-nœud-papillon.

La première chose qui frappe est la durée de l’album. Pour un coreux comme moi qui suis habitué à un disque torché en 25 minutes (blanc, « check check wassup » et pause pipi compris), je me retrouve avec un CD de plus de 50 minutes dont neuf des onze titres viennent culminer à plus de cinq minutes ! Gast, c’est qu’ils prennent leur temps, les Gallois ! Puis finalement ma bonne dame, ce disque c’est comme un CD de Carry On, tout est bon !
« The Unbeliever » démarre sur un titre introductif « Lauch The Immortal Fleet » dont les sonorités lourdes sont presque post rock, de par le côté sombre du lancement. Puis vient le titre éponyme qui reflète totalement ce que le groupe est capable de faire entre riffs teigneux, rythmiques acérées et breaks savoureusement orchestrés.

Les p’tits gars de Cardiff sont à même de tenir la longueur et d’offrir tout au long des 10 titres (plus de 50 minutes, je le rappelle) ce qui est déjà un gage de qualité. Car on pourrait croire qu’avec des titres de plus de cinq minutes, il y ait un peu de vide, de passages chiants ou même des temps morts. Eh bien, que dalle, ouallou, nada !
Chacune des compositions que comporte ce non-croyant est riche, construite et pesée au millimètre près. Je prends pour exemple le titre « They Told Me You Were Dead » qui passe par plusieurs stades. Démarrant par une mosh part sur fond de cris déchirés, la rythmique s’emballe pour basculer dans le thrash avant de laisser transparaître un plan largement plus mélodique, presque déprimant et sombre… L’ensemble des chansons joue sur le même ordonnancement. Entre changements d’ambiances réguliers et variations de tempos significatives, nos Gallois savent composer, ça ne fait aucun doute (cf le superbe instrumental « My Sun Sets To Rise Again »).

L’ensemble des titres est très homogène bien qu’il faille quelques écoutes afin d’assimiler tous les titres. La technicité est également au rendez-vous. Certains plans sont assez complexes essentiellement au niveau des riffs syncopés et rapides, très « montagnes russes sur manche » en fait. Le niveau rythmique est également à mentionner notamment concernant la batterie. Elle pilonne, elle blaste, elle s’avère brutale ou bien pesante, nombre de genres sont passés au crible et cette rythmique en béton armé contribue à accroître l’intérêt que l’on peut porter à Shaped By Fate.

Le son est explosif, totalement en adéquation avec ce que l’on attend d’un groupe moderne : un son de guitare agressif et belliqueux, une batterie très présente (non triggée au passage) et même une basse audible. La voix de Paul est rauque et virulente, fidèle au genre metal hardcore au final.

Voici donc une très bonne surprise qui risque de ravir les VSeurs. D’ailleurs, c’est en mettant le point final à cette chronique que je lis la feuille promo avec la liste des prix décernée à ce « The Unbeliever » : album du mois (Rock Sound), album sélection (BBC) et best newcommer (Metal Hammer). Pour une fois qu’un promo n’est pas pompeux, je tire mon chapeau…


Rédigé par : Vision Of Beuh | 15/20 | Nb de lectures : 10584