Ils ne sont pas nombreux les groupes qui se permettent le luxe de sortir des albums dont la qualité ascendante est inversement proportionnelle à leur notoriété. Triste constat, du fait d'une couverture médiatique défaillante, d'une absence persistante de toute prestation scénique et d'un manque d'intérêt de la part d'un public quelque peu versatile, SHADOW GALLERY n'a pas la place qu'il mérite!
On ne parle que de DREAM THEATER, VANDEN PLAS, PAIN OF SALVATION et SYMPHONY X. à juste raison sans doute, mais oublier cet autre Américain du genre est une injustice que je me dois de réparer illico! Voici donc leur 4ème album et comme prévu, il est très bon.

Appliquant une recette en vogue dans le prog, nos 6 Amerlocks ouvrent le bal en reprenant les quelques mesures de "Cliffhanger", morceau d'anthologie de l'album "Carved In Stone" considéré par beaucoup comme leur meilleur production. "Cliffhanger part 2" donc, et 13 min pour nous convaincre que les bougres en ont sous la pédale. Claviers omniprésents, soli et riffs de guitare incisifs et ouvragés mais sans en rajouter. Le reste est à l'avenant ; excellent, inspiré, riche, mélodieux et symphonique à souhait. On note également la présence de guitare acoustique et de flûte (non, j'ai pas fumé la moquette!) du plus bel effet, sorte d'oasis de douceur au milieu de déluges annoncés de guitares saturées et heavy prouvant qu'il s'agit bien de métal prog. La voix de Baker est plus sublime que jamais notamment dans le registre ballade comme "Colors" où le groupe se montre supérieur à la concurrence et fait la nique à bien des prétendants au titre. Seule ombre au tableau -mais vous allez dire que je chipote!- la superbe suite qui clôture l'album, "Fist Light", annonce fièrement 34 min mais ne dure en vérité que 26 min, nous imposant un silence de 8 min tout aussi scandaleux qu'inexplicable quand on connaît le talent et l'inspiration du combo. Tout ça pour terminer sur des nappes de claviers sirupeuses façon B.O de Pearl Harbor! Drôle de procédé, dont SG n'est pas le seul coutumier du fait qui veut que l'on pratique assez malhonnêtement l'art du remplissage inutile à des fins dont l'objectif m'échappe. Or, comme chacun le sait, le fan de prog iconoclaste, tout comme la nature, a horreur du vide...




Rédigé par : karadok | 9/10 | Nb de lectures : 7327