SHADOW GALLERY - Digital Ghosts (InsideOut/EMI) - 12/01/2010 @ 09h18
Certains groupes jouent de malchance. Shadow Gallery est de ceux-là. Une grosse cote mais une visibilité médiatique réduite. A l’entame d’une carrière prometteuse, il signe pour un label – Magna Carta - qui n’a jamais cru en lui, aucune prestation live (officielle) ce qui fait que malgré une grande attente des fans, il n’ait jamais pu se produire en Europe. Et comme si cela ne suffisait pas, l’an passé (29/10/08) son charismatique chanteur - Mike Baker - véritable porte-drapeau de la formation disparaît tragiquement à l’âge de 45 ans. On en connaît qui se serait jeté du Golden Gate pour beaucoup moins que ça.

Quand on perd une telle individualité la question de l’avenir collectif se pose cruellement. D’abord faut-il continuer et si oui avec qui ? Après avoir lourdement accusé le coup, les partenaires de Mike ont rassuré les fans et se sont mis en quête de son successeur. Et ce n’est pas une mince affaire que de le remplacer. Par qui ? Un frontman au chant similaire ? Ou bien doit-on profiter de l’occasion pour bouleverser la donne ?

C’est une solution intermédiaire qui a été choisie en la personne de Brian Ashland dont on constate immédiatement que le timbre de voix n’est pas vraiment taillé pour le métal progressif. Par exemple, il lui est impossible de monter dans les aigus, tessiture indispensable dans le répertoire de S.G. Il ne peut donc que faire illusion comme sur "Haunted". Sa griffe vocale se rapproche davantage d’une fusion entre Paul Wrightson (ex Arena - Blind Ego) et Peter Nicholls (I.Q). Le groupe a dû mesurer le handicap car il lui a associé des invités de marque : Ralph Scheppers (Primal Fear) et Clay Barton (Suspyre). D’autre part, les chœurs seront toujours brillamment assurés par les 3 membres restants – Carl Cadden-James – Gary Wherkamp – Brendt Allman - ce qui garantit une sorte de continuité. Et pas de retour de Chris Ingles (claviers) dont la situation au sein de la formation américaine n’a toujours pas été éclaircie.

A l’inverse de nombre de suiveurs de l’école D.T (lire la kro du dernier Redemption) La Gallery des Ombres a toujours montré une personnalité propre et un attachement forcené à un progressif néo classique à la fois technique, puissant, racé et ciselé avec des chœurs à faire pâlir d’envie les fans du regretté Freddy Mercury.

En ce qui concerne le contenu, le visuel et le nom de "Digital Ghosts" ne tromperont personne ; le 6ème album du groupe de métal progressif américain s’annonce sombre et pour cause. La musique qu’il distille en est l’amer reflet ; atrabilaire et hantée avec l’absence en fil d’Ariane.

Les 6 compos proposées ne devraient ni trahir l’esprit S.G ni décevoir les fans. Manière de perpétuer la mémoire de leur ami disparu en ne se reniant pas une seconde, toutes les qualités connues sont au rendez-vous. Au bout du troisième riff du premier titre ("With Honor" 9min58) - soit quelques secondes, on est immédiatement plongé dans le bain. Le style S.G éclate à nos oreilles. Et bien que moins progressif que "Room V", on peut le situer comme un mixte de "Tyranny" et "Carved In Stone".

Rien à redire donc sur la musique, elle est en place. Cependant, et là évidemment on touche au seul point noir, le timbre de voix du remplaçant de Baker désarçonne un peu. Mike possédait un timbre expressif et reconnaissable entre mille. Brian Ashland peine à nous convaincre de sa prestation. Non pas qu’il soit un piètre performer mais son style ne colle pas avec le son S.G. Pas assez en tout cas. On n’y peut rien mais c’est comme ça. Après les déluges de guitares et de claviers, on attend l’envol du timbre du divin Mike. En vain, bien entendu et c’est sans doute ce qui crée ce manque. De fait, les compos semblent moins habitées qu’à l’ordinaire et l’on a un peu de mal à en suivre le déroulement avec une impatience mal contenue. Dans les phases instrumentales, là pas d’erreur, c’est du grand Shadow Gallery.

Heureusement, les chœurs qui arrivent très rapidement nous rassurent. Temporairement. Quant à Ashland, convaincant il le sera plus loin mais en s’alignant sur un registre très différent, plus chaud, plus grave, celui de Paul Wrightson. Conclusion ? Sentiment mitigé. On dira que compte tenu de la situation, S.G s’en sort avec les honneurs mais "Digital Ghosts" apparaît malgré tout comme un album orphelin. De très haute tenue musicalement parlant, il souffre incontestablement de l’absence du Grand Mike et il faudra du temps pour effacer de notre mémoire le souvenir de celui qui en était la pièce maîtresse.


Rédigé par : Karadok | 15/20 | Nb de lectures : 10902




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Commentaire
petrol
IP:83.206.120.18
Invité
Posté le: 13/01/2010 à 14h57 - (79638)
je suis assez d'acccord, le nouveau chanteur n'a rien a voir avec Mike Baker, même si son timbre s'en rapproche il ne peut pas monter aussi haut

j'ai surtout eu l'impression qu'il essaye d'imiter, pourtant il a une belle voix, plus rock, plus hargneuse, surtout sur la chanson "strong"

j'espère de tout coeur qu'il restera et que le groupe exploitera son chanteur

borknagar
IP:193.251.46.10
Invité
Posté le: 13/01/2010 à 17h51 - (79644)
Quand j'ai su le décès de Mike Baker, j'ai cru que S.G. serait fini, une voix unique pour un groupe unique. Mais là je suis bluffé, le nouveau s'en sort plutôt bien et j'espère qu'il n'abandonnera pas, car ce sera dur de faire oublier Mike aux fans.

nuno777
IP:81.56.95.251
Invité
Posté le: 28/01/2010 à 20h44 - (80286)
Rien à ajouter à cette chronique, comme toujours excellente. Un bon cru SG pour un groupe qui a connu une période difficile.

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