S’il y a bien un groupe polonais qui m’avait laissé une forte impression par son premier album, c’est bien de SHADOWS LAND qu’il s’agit. Pourtant, on ne peut pas dire que « Ante Christium (Natum) » avait soulevé les passions ou plus simplement de l’intérêt de la part des masses bêlantes trop lobotomisées pour appréhender le death totalement barré et fort original de ce quatuor slave.

C’est donc avec un enthousiasme de conséquence que j’accueillais cette séquelle dans ma platine, déjà convaincu de la qualité de cette seconde offrande. Un art-work bien sombre affichant une chaise électrique au palmarès impressionnant, un titre une nouvelle fois en latin: ce disque me plaisait déjà alors que ses premiers accords n’avaient pas encore traversé mes enceintes.

Contre toute attente, « Terminus ante Quem » ne s’impose pas comme la continuité de son prédécesseur. Il faut croire que nos Polonais ont voulu faire évoluer leur musique alors qu’elle regorgeait déjà de caractéristiques inhabituelles. C’est donc dans un registre moins capillotracté, pour ne pas dire tiré par les cheveux, que SHADOWS LAND a décidé de faire son retour.

Quelques bases death métal chiadées sont toujours présentes mais un fort courant indus fait désormais partie de la donne. Les rouages de cette nouvelle dominante se traduisent principalement par l’utilisation de samples, de synthés, de rythmiques répétées, étirées, écartelées à outrance cyclique et d’un chant démultiplié sans âme.
De même, les quelques bidouillages électroniques qu’on distinguait naguère en fond sonore sur quelques titres de « Ante Christium », ont gagné suffisamment de terrain pour qu’on les retrouve sur chacun des morceaux quand ils ne servent pas, tout simplement, d’interlude hypnotique entre deux plages. Fort de ce virement inattendu, SHADOWS LAND réussit le petit tour de force de nous surprendre une nouvelle fois avec un disque mécanique, déshumanisé et froid.

Il est clair que ceux qui frétillaient déjà à l’idée du retour de SHADOWS LAND auront du mal à ne pas éprouver une pointe de déception en découvrant les nouvelles orientations des Slaves. Mais, passé ce premier cap, il faut bien se rendre à l’évidence que SHADOWS LAND gagne les challenges qu’il s’impose avec sa musique. « Terminus ante Quem » est un album de métal indus appréciable qui devrait trouver sans problème le plébiscite d’un public connaisseur. Même un vieux débris comme moi réfractaire à toute machinerie électronique se doit de souligner l’intérêt de cette galette, alors ceux qui aiment ça au demeurant tripperont sûrement comme des bêtes.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 13706