Ce disque repose sur un paradoxe permanent. Sur un même album ces jeunes grecs sont capables du meilleur comme du pire. On pourrait même croire qu'ils le font exprès tant la fourchette de qualité est large quand on compare certains passages. Si l'auditeur tolérant pardonnera ces erreurs en raison de la jeunesse du groupe, il va de soi qu'elles ne devront pas être reproduites à l'avenir sous peine de voir le groupe basculer dans l'oubli qui lui est destiné. Mais quelles erreurs me direz vous ? Tout simplement, j'ai rarement vu un album qui commettait l'immense exploit de se faire cotoyer autant de passages géniaux avec d'autres d'une maladresse effarante. Détailler ces fautes de goût tiendrait lieu d'énumération fastidieuse mais sachez que la qualité de l'album en est considérablement handicapée.
C'est pourtant dommage car on sent que les hellènes auraient pu faire quelque chose de très correct en s'éparpillant un peu moins. Le metal à forte teneur de gothique pratiqué ici est plutôt mystique, relativement varié, chargé de passages ésotériques et assez ancré dans une tradition grecque. Contrairement à la musique pratiqué par la plupart de ses compatriotes, Shadows Dance essaye d'être plutôt dépouillé et de rendre sa musique plus accessible que la moyenne. Malheureusement, ils ont oublié que, pour être musicien, il faut parfois oublier d'être fan et les nombreuses influences sont vraiment trop flagrantes pour que "A quatrain for the damned" puisse être considéré comme un album honnête. Je citerais en vrac Katatonia, Tiamat, Septic Flesh, Theatre of Tragedy, Therion, Moonspell, On Thorns I Lay et plein d'autres dont certains plans sont repompés et à peine dissimulés. Et au risque de me répéter, ces plans sont souvent accolés à d'autres vraiment très intéressants et bien élaborés. C'est donc avec un profond sentiment de gâchis que je fais disparaître Shadows Dance définitivement de ma platine. Il reste vraiment beaucoup de travail avant d'espérer gagner une quelconque crédibilité.


Rédigé par : Loufi | 06/20 | Nb de lectures : 8043