Bonjour Tristesse ! (prenez un accent autrichien très prononcé). Quoi de mieux que de choisir une citation en français quand on fait du Rock/Metal gothique un peu tristounet ? Ca le fait non ? C’est ici un poème de Paul Eluard intitulé « La vie immédiate » qui est à l’honneur, et qui est même cité sur la back-cover de ce premier album des Autrichiens de SHADOWS’ GREY, groupe formé en 2007 sous le nom SCARGOD, qui a splitté en 2009 après avoir sorti une démo pour se reformer quelques temps plus tard sous ce nouveau nom.

SHADOWS’ GREY pratique donc une sorte de Rock/Metal qui brasse assez large, entre Metal à chanteuse « traditionnel » (accompagné par des voix claires masculines comme de bien entendu), Rock à tendance acoustico-progressive, Metal symphonique, solos Heavy, et un peu de Doom (tant qu’à faire). Les deux premiers morceaux de l’album, "Cold" et "I Search for Your Hand", annoncent d’ailleurs une couleur assez « classique » : chants féminins et masculins s’entrechoquent au sein d’un Metal gothique au tempo soutenu porté par des claviers éthérés. Mais la Power-ballad tendance Heavy à piano (ça existe ?) qui suit, "Hurt", plonge dans le doute quant aux intentions du quartet autrichien, surtout quand il enchaîne par une sorte de NIGHTWISH au ralenti, aux riffs simplistes et aux chants enfantins ("Gone"), et qu’il passe plus tard par un mélange entre du Metal/Rock alternatif et du Metal martial à la RAMMSTEIN ("Lust") ainsi que par du Doom mélodique ("Unlike").

SHADOWS’ GREY fait donc une revue de plusieurs courants du Goth-Metal à chanteuse sur Bonjour Tristesse, en mélangeant un peu tout sans grande cohérence et homogénéité. D’autant que le propos est loin d’être réussi : entre riffs quelconques au tempo pataud, mélodies faciles, passages sympho-tristounets un peu ennuyeux, grattes acoustiques anecdotiques, chanteuse à la voix loin d’être inoubliable… seul le chanteur clair, Albert Gruber, tire son épingle du jeu avec sa voix Rock plutôt convaincante qui illumine les morceaux plus « calmes » ("The Promise", "Scargod"), et des riffs plus incisifs fonctionnent assez bien par moments ("Love Is Suicide", mais les breaks acoustiques cassent carrément le rythme ; "Unlike" assez écrasant).

La prod est bonne bien que faite maison, mais du reste Bonjour Tristesse est un album de Metal goth assez commun, qui pioche à droite à gauche sans parvenir à se trouver son propre style. Vite vu et pas grand-chose à retenir, juste un album « de plus » dans un style assez chargé. Pas mauvais mais il y a bien mieux dans le créneau, que ce soit au niveau de l’exécution, du chant féminin et de l’originalité. Adieu Tristesse !


Rédigé par : ZeSnake | 11/20 | Nb de lectures : 15971