Vous êtes déçus par la scène metal extrême actuelle et je vous comprends bien. Tout cela n'est qu'un ramassis de groupes sans envergure qui copie basiquement une référence ad vitam. Et voilà, un clone de Darkthrone ou Burzum, et voici un sous-Morbid Angel, et pan voici une formation qui essaie d'avoir l'envergure d'Attack Attack !. Que c'est vain.

Heureusement, il reste des groupes qui en veulent et qui se présentent comme de la dynamite en barre. Si vous cherchiez le combo qui allait vous rendre le kiki tout dur, si vous quêtiez (avec votre kiki) le feeling froid et moderne des premiers Fear Factory, l'impact des riffs de Gojira et de Behemoth, des expérimentations à la Strapping Young Lad, le tout emballé dans une écriture très suédoise, ne cherchez plus. Je l'ai, c'est marqué dans la bio de Shadowfost.

Forcément, vous n'allez pas manquer de sourire un peu en voyant que cette bio nous vient d'Italie, pays où les gueules sont aussi grandes ouvertes que chez nous, le secouage de mains en plus. Et vous vous rendrez compte que la chronique du jour concerne une autoproduction de 2009, de la part d'un collectif artistique qui ne compte dans ses rangs que Shadowfost. Faut bien attirer le chaland avec une bio pour commencer, non?

Malgré toutes les références affichées, disons simplement que Shadowfost œuvre dans le black/death mélodique. Les thèmes employés m'évoquent les groupes suédois de black/death de la seconde moitié des années 90, ceux influencés par la scène de Göteborg et qui vont tenter de radicaliser le propos d'un In Flames ou d'un Dark Tranquillity, sans pour autant avoir l'originalité qui leur ferait rencontrer un petit succès. Certains se souviendront de Grief of Emerald, par exemple. Shadowfost me donne l'impression de taper dans le même créneau, bien que les Ritals tentent d'insérer des breaks plus délurés pour secouer un peu le bénitier.

Mais, comme 95% des groupes, le gros défaut de Shadowfost est que le groupe se contente d'assembler des riffs, de les aligner au bout des mesures. Si certains accords sont bien trouvés, les compos ne comportent pas de réel développement, à quelques exceptions près. Du coup, si on se positionne en tant qu'auditeur de black, le résultat n'arrache pas la gueule et mon attention s'étiole au fil des plages. Quinze secondes de bourrinage pour débarquer sur un lead à deux doigts suspect qui sert de transition maladroite avant les accords plaqués qui re-précèdent le bourrinage. Shadowfost a beau user avec vigueur de trémolos comme de sweepings typiques du death (voire d'autres emprunts comme le sautillement Sepulturesque de "Forget not Forgive"), rien n'y fait.

Peut-être que les amateurs de death mélodique y trouveront plus leur compte, mais je n'arrive pas à accrocher. Le groupe semble avoir trouvé sa voie musicale, mais ce n'est pas celle que j'ai envie d'emprunter, malgré certains riffs très bien trouvés. Non, sans moi. Pourtant, c'est loin d'être nul, mais non quand même.


Rédigé par : Prince de Lu | 11,5/20 | Nb de lectures : 12010