On le sait, les Japonais sont friands de métal agressif et mélodique, typiquement tout ce qui peut se faire en speed mélodique et death mélodique. Il n’y a pourtant jamais eu de véritable scène constituée de groupes officiant dans ces styles comme on peut en voir en Europe, les groupes japonais ayant très souvent une identité forte, refusant de se laisser enfermer dans tel ou tel registre et piochant à droite et à gauche les éléments qui leur conviennent. Il existe cependant quelques groupes jouant du métal à l’européenne et dont l’origine est absolument indécelable si on n’a pas la bio sous les yeux.

C’est le cas de SHADOW, formé en 1993 et signé chez le fameux label finlandais Spikefarm mais dont « Forever Chaos » est seulement le deuxième album, après un premier essai éponyme en 2001. Avec le même naturel que les groupes du nord de l’Europe, SHADOW mixe thrash death et sonorités heavy pour en sortir un hybride relativement conventionnel mais particulièrement bien exécuté. On trouve en effet aussi bien des solos à la Malmsteen que des blasts et des chorus heavy speed ainsi qu’une voix plutôt black, ce qui rapproche d’emblée le groupe avec les formations stars du genre comme ARCH ENEMY ou CHILDREN OF BODOM. Pour autant, les Japonais ne copient ni l’un ni l’autre, même si leurs références sont à l’évidence les mêmes, et sont parvenus à faire un album qui tient debout, sans temps morts ni redondances et malheureusement sans génie non plus.

Ce n’est en effet pas faute de l’avoir écouté, mais à aucun moment « Forever Chaos » ne laisse l’impression qu’il est de la trempe d’un « Hatebreeder », d’un « Wages Of Sin » ou d’un « Burning Bridges » pour rester avec COB et ARCH ENEMY. Album sans génie donc, mais certainement pas sans cachet puisqu’il contient de bons morceaux pour la plupart très rapides, bourrés d’énergie, inspirés par le SOILWORK thrash de « Chainheart Machine », les influences heavy speed du vieux CHILDREN OF BODOM et les solos accrocheurs des frères Amott (ARCH ENEMY).

La reprise de l’intemporelle « Black Magic » de SLAYER en fin d’album, même si elle n’est pas inoubliable (mais qui d’autre que SLAYER peut vraiment faire du SLAYER ?), permet de finir sur une bonne note et de laisser une impression globale plutôt bonne. Ce deuxième SHADOW ne bouleversera pas la hiérarchie établie mais est loin d’être ridicule, on pourra juste lui reprocher son caractère trop conventionnel. On peut également s’étonner de l’absence de site officiel et/ou de MySpace, outil quasi indispensable à tout groupe actuellement s’il veut s’assurer une visibilité digne de ce nom… Cela pourrait se comprendre pour un groupe japonais ne visant que le marché japonais, avec site en japonais exclusivement, mais venant d’un groupe signé sur un label européen pratiquant un métal européen cela s’apparente à un suicide commercial…
[edit] : Plus de raison de s'étonner puisque le site et le MySpace existent bel et bien (merci à tonio)... Reste que niveau com' ce n'est pas encore la panacée, mais il y a au moins la possibilité d'écouter des extraits des deux albums!


Rédigé par : Dungorpat | 13/20 | Nb de lectures : 10516