La première question que vous vous poserez peut-être en écoutant le deuxième album de Shaman (Shaaman aujourd’hui) est : « tiens, c’est quoi ? ». Le premier titre de l’album, « Turn Away », s’éloigne en effet de ce à quoi le groupe nous avait habitué avec l’album Ritual. Sans la moindre introduction, on prend dans les oreilles un metal brut et direct servi par un gros son. On finit par reconnaître le timbre d’André Matos et les soli de Hugo Mariutti, mais dans ce titre comme dans les suivants, on ne retrouve guère les éléments que l’on pouvait déjà qualifier de typique chez Shaman. Un style plus hard-rock que metal en dépit de ce qu’annonce le morceau introductif, moins de plages instrumentales, très peu de touches tribales, des mélodies et des arrangements simplifiés et prévisibles, de très rares moments de grâce (« Iron Soul », « Reason »). L’impression générale est celle d’un assombrissement et d’une épuration de la musique. Si la première tendance peut laisser espérer des expériences d’un genre plus agressif ou au contraire plus dépressif, ce n’est que pour un temps. Ce n’est pas la reprise d’un groupe dit « gothique », Sisters Of Mercy, qui va faire illusion, pas plus que les photos ni le visuel, au demeurant très esthétiques. Quant à l’épuration de la musique, si elle va parfois de pair avec un regain d’efficacité («Turn Away », « Iron Soul »), elle a le plus souvent du mal à cacher un certain appauvrissement des compositions. André Matos pense que les arrangements sont mieux intégrés aux chansons, que Hugo Mariutti s’est moins concentré sur la technique au profit de la mélodie et du feeling, nous ne parvenons pas à approuver. La simplification du style et de l’interprétation ternit l’originalité et même le potentiel émotionnel de la musique. Le tout laisse malheureusement assez insensible et c’est très difficile à admettre quand on a apprécié non seulement l’album studio Ritual mais le live qui en est issu en 2003.


Rédigé par : Nadège Goutouly | 13/20 | Nb de lectures : 10787