Fall Fest Brutal Death US part 2.

“Servile Insurrection” est un chef d’oeuvre.

Voilà. Tout ce qui va suivre n’est que verbiage de chroniqueur et vous pouvez vous l’épargner.
Pour les courageux, la chronique en pièce jointe (ci-dessous, quoi).


L’automne 2008 met un terme à quelques arlésiennes du Metal. Après METALLICA et AC/DC, c’est au tour de G’N’Rs de lâcher ce qui aura longtemps alimenté la rubrique news de VS les lendemains de 31 mars.
Au lieu de saliver et de sécréter une insuline abondante à l’idée du bon vieux Dr Pepper promis, c’est l’appétit pour la destruction plus que la soif que la scène Brutal Death US apaise en nous gratifiant d’un festival de sorties attendues depuis longtemps. INCINERATE d’abord puis DEEDS OF FLESH et enfin...

SEVERED SAVIOR, pour qui “Servile Insurrection” est la conclusion de cinq années de galères. Des errances qui auront vu, notamment, le retour de Mike Gilbert, principal compositeur de “Forced to Bleed”, le départ de Jared Deaver (guitare) et de Dusty “ton crâne est mon urinoir” Boisjolie; l’arrivée, enfin, d’Anthony Trapani (aussi vocaliste d’ODIOUS MORTEM) lors de l’entrée en studio du groupe.

“Servile Insurrection” est un chef d’oeuvre, donc. Le genre de disque qui définit à la perfection la niche écologique qu’il occupe. SEVERED SAVIOR joue du Brutal Death technique. Puise ses racines dans le SUFFOCATION voire le DEEDS OF FLESH originel et y instille des influences proches de CYNIC voire de Marty Friedman et d’Al DiMeola.

“Servile Insurrection” est ainsi extrêmement rapide et intense. Difficile de savoir au premier abord sur quel son se concentrer. Au fil des écoutes cependant, on parvient à mieux discriminer les sections et l’architecture de l’ensemble, voire à saisir le potentiel mélodique qui se cache derrière les flots de notes. Chaque composition est un maelström de lignes complexes et intriquées, apposées à des accords bruts, martelés ou tranchants. Des sonorités nébuleuses qui s’ouvrent sur des mélodies aériennes, des respirations dans l’oeil d’un cyclone.
A l’insaisissabilité de la virtuosité technique, les sections brutales interviennent alors comme un quasi-soulagement, une prise d’équilibre lourde et sourde tandis que les soli ou les arpèges en son clair, jazzy, s’envolent. C’est notamment dans ces sections que la ressemblance avec Al DiMeola ou Marty Friedman se concrétise. L’instrumentale “Intervallo del Tradimento” paraît tout droit sortie d’un “Passion Grace and Fire” par exemple, tandis que le solo de “Question” a des accents très “Rust in Peace”. On ne peut donc que s’incliner devant le talent et la maîtrise instrumentale de Mike Gilbert, leader et principal compositeur de l’album, capable dans “Spoils of War” d’étouffer l’auditeur sous une montée en puissance brisée, répétitive, avant de faire vaciller sa raison dans un tapping paroxystique et paranoïaque.

Résumer “Servile Insurrection” à un délire guitaristique serait pourtant bien loin de la réalité. La basse est omniprésente, bien mise en valeur par la production (après INCINERATE, serions-nous témoins d’un retour en graisse de cet intrument au sein du Death ?). La voix gutturale, articulée et profonde d’Anthony offre un contre-point brillant et efficace à l’ultra rapidité de l’ensemble. La batterie, enfin, aux sonorités mates, montre aussi de sérieux progrès par rapport à “Brutality is Law”, l’album médiocre du groupe.

Feeling, rapidité, force, technique, créativité, personnalité... “Servile Insurrection” n’est pourtant pas un album parfait, ce qui laisse de l’espoir pour son éventuel successeur. Il ne sera pas question ici d’une vaine comparaison avec ODIOUS MORTEM (avec qui le groupe partage tout de même chanteur et studio d’enregistrement) mais de durée. SEVERED SAVIOR a pris le parti de réenregistrer “Fecalpheliac”, “Fuck the Humans” et “DeadSpeak” dont la production n’était pas jugée satisfaisante (d’autant que “Forced to Bleed” est désormais quasi introuvable). Il ne reste donc que 8 compositions dont deux instrumentales, de quoi rester un peu sur sa faim. Etrange aussi l’idée de faire se succéder ces deux instrumentaux, surtout qu’”Hemorrhagic” pourrait passer pour une composition avortée faute de temps. Des détails qui me retirent le plaisir de mettre, enfin, la note maximale à un disque.

On ne saurait compter le nombre ridicule d’”albums de l’année” qui sont écrits en fin de chronique dans les webzines. Qu’est-ce qu’on en a à battre que je considère “Servile Insurrection” comme celui de 2008 pour le Brutal Death? Rien bien sûr. La musique est une affaire de sensation et de perception, voire d’émotion (?). Mais à titre individuel, SEVERED SAVIOR se rapproche aujourd’hui énormément de l’idée que je me fais d’un disque parfait.


Rédigé par : La Myxine | 19/20 | Nb de lectures : 17208