Derrière ce patronyme, peu représentatif, digne d’un groupe de speed métal teuton égaré dans les dédales des années 80, se cache en fait une formation polonaise qui nous soumet ici sa seconde œuvre. J’avoue avoir été emprunt d’un scepticisme basé sur des préjugés débiles. Outre le superbe artwork d’un sobriété subjective et artistique, mon flair (légendaire ?) ne se sentait pas d’affinités particulières avec un énième groupe polonais qui allait sans doute nous suriner les tympans à grands coups de blast beat. Hé bien, l’avait tout faux le Tonton sur ce coup là, car SERPENTIA ce n’est pas bien mais tout simplement excellent. Difficile d’enfermer le combos dans un style défini car « Dark Fields of Pain » recèle des influences et inspirations multiples, à commencer par celle du death métal mélodique suédois. Pourtant en y regardant de plus près on se rend bien vite compte que SERPENTIA est infiniment plus structuré, plus travaillé qu’il n’y paraît au prime abord. Ainsi on passe de purs moments de bravoure bien death à des break plus nuancés voir progressifs qui font songer à OPETH le temps d’un titre (« Wainting for a wings » ou encore cet instrumental prog « Hospice of hope ») avec cette même alternance de thèmes tempérés et d’autres tumultueux. On retrouve aussi cette spécificité au niveau du chant desservi par un excellent duo qui évoque une sorte de dialogue entre des vocaux black et d’autres oscillants entre growlings et murmures. Autre détail qui a retenu mon attention, c’est la place prépondérante de la rythmique et tout particulièrement de la basse qui est mise très en avant dans la production. Cela à pour effet de donner une dynamique supplémentaire à la musique de SERPENTIA et de rendre les tempos plus groovy, plus attrayants. Comme si cela ne suffisait pas, SERPENTIA bénéficie également des services d’un guitariste inventif qui sait aussi bien dompter la rythmique, que plaquer des solos d’une sensibilité troublante. Le tout baignant dans une technicité irréprochable sans être trop démonstrative. Certes, le concept de l’album que l’on retrouve dans la plupart des textes n’est pas des plus primesautiers, puisqu’il tourne autour de la mort, des souffrances physiques et de celles de l’âme. Pourtant les titres ne sont en aucun cas d’une tournure dépressive, bien au contraire.
Comme je vous le disais en commençant cette chronique, il est assez délicat de décrire les compostions de ce groupe. Disons tout simplement que les changements d’atmosphère sont amenés avec des enchaînements très judicieux et que les différentes ambiances fonctionnent parfaitement. On passe un excellent moment avec ce disque sans se lasser, même s’il ne révolutionne pas le genre. Cela doit bien faire la sixième fois que je me l’écoute aujourd’hui et c’est toujours avec autant de plaisir que je me délecte de « Dark Fields of Pains ». Ce cd est l’exemple même de l’album qui peut passer inaperçu dans le marasme des sorties métalliques et qui mériterait plus attention.



Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 8131