Les Autrichiens de Serenity avaient déjà séduit l’année dernière avec "Words Untold and Dreams Unlived". Gageons que leur deuxième album, "Fallen Sanctuary", qui privilégie la continuité au changement, ne décevra pas les fans tant cet opus est réussi. C’est en tout cas avec une joie certaine que l’on retrouve ce métal symphonique délicieusement mélodique et d’une rare maîtrise qui avait fait ses preuves sur le précédent opus. Les grincheux déploreront le relatif manque d’évolution de cette formation, nous nous contenterons d’applaudir à deux mains un disque qui s’annonce comme l’un des incontournables du style pour 2008.
Ce qui frappe le plus chez Serenity, ce sont d’abord ces vocaux et choeurs absolument sublimes qui, même s’ils peuvent parfois paraître téléphonés sont irrésistibles. Les refrains sont accrocheurs, les mélodies imparables (le magistral « Coldness Kills »), un gros travail a été effectué au niveau vocal. Georg Neuhauser, dont la voix rappelle inévitablement celle de Tony Kakko (Sonata Arctica), s’impose ici parmi les tout meilleurs chanteurs de métal mélodique. Les orchestrations sont un autre des points forts de "Fallen Sanctuary", et si nous devions souligner une évolution par rapport au précédent album, ce serait assurément la place plus importante accordée aux parties orchestrales. La prochaine étape serait donc d’enregistrer avec un orchestre symphonique. Quant à la production, elle est propre, massive et moderne, rendant justice au talent des musiciens et à la justesse des compositions.

L’album démarre par quatre titres absolument énormes qui permettent à l’auditeur d’appréhender la palette sonore des Autrichiens. On pense souvent à Sonata Arctica, le côté speed en moins et cela pourrait en rebuter certains qui ne verront ici qu’une copie des Finlandais. Mais ils rateront alors quelque chose car le heavy classieux, parfois à la limite du progressif, de Serenity mérite que l’on s’y attarde. « To Stone She Turned » est une véritable démonstration de puissance, qui permet de remarquer ce batteur doué qu’est Andreas Schipflinger, mais aussi des soli de guitare de très bonne tenue. Sur la ballade « Fairytales », en duo avec la chanteuse Sara Schleret (Elis), l’efficacité fait place à l’émotion, avant que « The Heartblood Symphony », très typé métal prog’, ne redonne la priorité aux guitares. Ce dernier titre n’est d’ailleurs pas si éloigné dans l’esprit d’un Pain Of Salvation (période "The Perfect Element Part. 1"), c’est dire la qualité du morceau. « Velatum », quant à lui, est un hit évident, sans conteste le morceau le plus accrocheur de l’album, pour lequel un clip a été tourné. Mais le groupe sait aussi montrer les crocs et proposer une musique plus rentre-dedans (« Derelict », « Oceans of Ruby »), sans perdre en subtilité.

Serenity a déjà tout d’un futur grand, mais il reste quand même une interrogation sur l’évolution du groupe, qui devra à l’avenir, pour ne pas lasser, varier un tant soit peu sa formule. Il est en tout cas fort agréable d’entendre une musique si raffinée (l’artwork est plutôt classe lui aussi) dans un style où se multiplient les combos redondants. Ces Autrichiens nous offrent une bonne bouffée d’air frais, signant avec "Fallen Sanctuary" un album qui pourrait les mener très loin.


Rédigé par : up the irons | 16/20 | Nb de lectures : 10607