#Guillaume#
Si je devais partir coloniser une planète terraformée dans les environs d'Alpha Centauri, j'emporterais la disco de Septic avec moi. Et un fût de Triple Karmeliet mais on s'en fout. Tout l'intérêt à frotter mon avis lascivement contre celui de Bozy c'est qu'a priori on apprécie pas forcément les mêmes albums. "RDNA" est une merveille, "Esoptron" est catégoriquement insurpassable, "Sumerian Daemons" prend un peu la poussière et le chant de Natalie Rassoulis me donne des boutons de fièvre. Depuis la reformation et le lifting de patronyme on est mine de rien en présence d'un nouveau groupe. Si le son de Septic est immédiatement identifiable lors d'un blind-test avec des bouchons en béton dans les oreilles, la capacité de la formation à se réinventer en permanence laisse rêveur. Du coup, le fan rétif aux changements se trouve en phase de deuil perpétuelle. Analyse des réactions-type.

Le choc.
"The Great Mass" pose les bases de l'entité SEPTICFLESH esquissée sur le précédent. Ceux qui attendaient un "Communion" bis en seront pour leurs frais. Ce dernier, aussi excellent soit-il, fait désormais office - au vu du petit dernier - de prémisse pour un travail nettement plus ambitieux.

Le déni.
L'album se révèle délicat à appréhender. Un bon mois de pilonnage intensif se révèle tout juste suffisant pour apprivoiser la bête. Les arguments spécieux succèdent à l'incrédulité ; tel titre est moins catchy, tel autre ne décolle pas. L'homogénéité apparente des morceaux gêne la lisibilité de l'ensemble. Les éléments metal tendent vers encore plus d'épuration.

Le marchandage.
Finalement, on commence à repérer les lignes de force de l'album. Les riffs de guitare et harmonies qui renvoient aux jeunes heures du groupe, le retour partiel d'un chant féminin lyrique, les parties symphoniques qui s'imposent définitivement. L'orchestration constitue la charpente de chaque titre et non plus un ensemble de fioritures à la limite de la préciosité.

L'acceptation.
Le travail sur "The Great Mass" relève à la fois d'une formidable synthèse de ce que le groupe sait le mieux faire et d'une audace manifeste. Délaissant Fredric Nordstrom à la production au profit d'un certain Peter Tägtgren, SEPTICFLESH bénéficie pour la première fois peut-être d'un son indivisible où les éléments typiquement metal s'intègrent indistinctement dans la partition de l'orchestre philarmonique de Prague. Rien de plus logique si l'on considère que cette fois, les compositions de Christos A. constituent réellement la base de tous les morceaux. CHAOSTAR vient de réaliser sa conversion alchimique en servant d'écrin naturel au jeu de ses acolytes.

La reconstruction.
Devant la complexité et la beauté sidérante de chaque titre, on se retrouve vaguement contraint d'admettre qu'il s'agit sûrement de leur meilleur album à ce jour. Absolument rien à jeter ni de titre phare à proprement parler. The Dragon's voice nous en met plein la tronche sans occuper le premier plan du mix, les parties de chant de Sotiris sont comme d'habitude à tomber par terre, les thèmes prennent le temps d'être développés et emportent l'auditeur vers des contrées mythiques où le sublime côtoie l'horreur. La section cuivre a été sensiblement renforcée, trouve parfois un écho dans les grattes, les instrus à cordes peuvent devenir martiaux - globalement le groupe n'a jamais été aussi massif dans son expression, aussi percutant dans son lyrisme noir.

La critique ne saurait être complète en l'absence des textes mais surtout de la combinaison de l'artwork des versions alternatives de "The Great Mass" censée éclairer le concept global de l'album. Dans cette attente fébrile laissons le mot de la fin à l'artiste lui-même : "It is a small part of an occult machine made from marble and flesh, fantasy and reality, order and chaos. A great machine composed from the blasphemous union of strange figures, creations of Man, the creator of the gods and demons."

Note: 17/20

BozKiller
De mon côté, je serai plus classique et radical:
Excellent album, clairement.
Le plus abouti, certainement!
Leur meilleur, je ne sais pas.

"The Great Mass" est la suite logique de "Communion" qui était excelllent, mais sacrément trop court, tout le monde en était resté sur sa faim!!! Cette fois-ci, nos dieux grecs ne nous font pas deux fois la même erreur, et on a droit à un album complet qui lorgne beaucoup sur "Sumerian Daemons" au niveau structure, je trouve (passages bourrins, passages plus calmes).
Ce qui est imparable, c'est effectivement ce mélange toujours de plus en plus évident et complexe des arrangements symphoniques avec les riffs et les rythmiques qu'ils aiment distiller. Le CHAOSTAR meets SEPTIC FLESH est de plus en plus évident, voire même fait presque oublier le second. Le travail réalisé avec l'orchestre de Prague est tout simplement somptueux! Chris Antoniou maîtrise l'ensemble avec une rare classe, et cela transparait totalement dans cet album (déjà avant c'était le cas, là c'est encore mieux!).
On retrouve avec plaisir une voix lyrique (moins opéra que celle de Natali Rassoulis, mais son timbre est particulièrement intéressant et passe particulièrement avec la musique), les passage de Sotiris sont toujours aussi marquants, et la voix du dragon est indéniablement une des forces du groupe tellement Spiros il a la classe! Et derrière, ben ça bastonne sévère, même si je note quand même une nette simplification des riffs purement guitare, les accords puissants étant certainement plus simples à mettre en place dans l'enchevêtrement d'arrangements. Enfin, on trouve beaucoup de mélodies à la "Revolution DNA", comme dans "Communion" - ce qui n'est pas forcément ma panacée - et enfin, je n'ai pas THE riff ultime comme dans 'Sangreal'. Mais, que sont ces petits reproches face à cette oeuvre?!
Imaginez des ambiances noires et glaciales, au milieu d'un déluge de férocité, comme si vos pires cauchemars prenaient forme. Oserez-vous encore sortir seul le soir avec cet album sur les oreilles? Méfiez-vous des ombres...

Note: 17/20




Rédigé par : Bozkiller/#Guillaume# | 17/20 | Nb de lectures : 22837