Ils auront notre peau, à nous insignifiants petits scribouillards, tous ces inutiles groupes de deathcore... Plus les albums défilent et plus j'ai l'impression d'avoir fait le tour du champ lexical de l'impersonnalité, et vient le moment où je me retrouverai à leur niveau, à faire du vulgaire copier/coller, du piètre réassemblage de bouts de chroniques pour pouvoir en construire une nouvelle.

Pas que Seneca soit plus mauvais qu'un autre, puisque la différence est inexistante. La faute aux gros labels qui s'évertuent à se constituer des armées de groupes-kleenex pour croire pouvoir stopper l'hémorragie du marché du disque. Ici, Lifeforce vient rappeler qu'il est en train de se spécialiser dans la signature de troisièmes couteaux, puisqu'après les déjà oubliés Left To Vanish (l'album est sorti y'a au moins deux mois aussi!), c'est Seneca qui vient chercher son quart d'heure de gloire Warholien avec ce "Reflections".

Aussitôt écouté aussitôt digéré, l'avantage de la fast-food music c'est que l'assimilation est rapide. Mais comme au Mac Do, à s'empiffrer en speed, on en ressort avec un mal de bide durable et on se déteste. Le menu était pourtant pas trop copieux: un maxi Best Of Job For A Cowboy, avec une grande frite Misery Signals et un Coca Between The Buried And Me, light évidemment. Et ces enfoirés ont oublié de mettre des sauces.

Donc en 32 minutes, durée de l'album, on en aura déjà fait le tour. Et pas eu l'occasion de s'attarder sur grand-chose de fameux. Prendre du générique, c'est cool pour les médocs, moins pour les riffs. Les mecs doivent jouer avec la conviction de faire un truc trop br00tal, trop original parce qu'ils ont collé deux accalmies et savent jouer plein de notes à la fois, faudra que quelqu'un se dévoue pour leur dire d'arrêter les frais. Puisque les breaks chugg-chugg style sont plus stériles qu'Angelina Jolie, et les blasts aussi convaincants qu'un speech de Lofofora. C'est pas plus megateuf avec les parties plus mélodiques, probablement écrites en essayant de retranscrire les tablatures de Misery Signals, et les maigres incarcades en voix claires prenant place entre deux growls surgonflés ne choquent même plus tellement on a bouffé du bateau tout du long.

"Reflections" pouvant être interprété dans les deux sens, faut savoir qu'il n'est pas bien réfléchi et qu'il ne réfléchit que les parties les plus visibles de quelques combos en vogue. Si notre beau pays ne stigmatisait pas les musiques "violentes", c'est ce genre de merdes qu'on nous refilerait en cadeau après avoir fait un plein chez Total. Des groupes comme Seneca, il y en a à la pelle et il continuera à y en avoir tant que la poule aux oeufs d'or ne se sera pas pris un grand coup de pioche en travers de la gueule. Alors, amoureux de la Musique, commençons le combat dès aujourd'hui. Dès que vous croiserez un Br00tal kid, choppez-le par ses écarteurs et faites-le tourner jusqu'à ce qu'ils lâchent. Ainsi vous pourrez vous coucher le soir avec le sentiment réconfortant du devoir accompli.


Rédigé par : Crown_Me | 7/20 | Nb de lectures : 10601