SECRETS OF THE MOON - Seven Bells (Lupus Lounge) - Selection VS du 25/04/2012 @ 09h40
L’histoire d’amour entre la rédaction VS et le groupe allemand SECRETS OF THE MOON s’était brusquement arrêtée dans une sorte d’apothéose avant l’apocalypse, avec la chronique de Antithesis en novembre 2006, disque qui avait atterri en sélection. Après cette dernière partie de jambes en l’air épique en guise de dernier au-revoir, le groupe est devenu plus hermétique et moins reluisant, semble-t-il. Si le couple est resté bons amis avec quelques news postées pour rester au fait de l’actualité, il n’était plus question de se retrouver sous la couette pour une petite séance de chroniquage de disque. Privilegivm (2009) a donc été zappé, laissé sur le palier en faisant la sourde oreille aux coups de sonnette répétés, quand bien même la rédaction a regardé d’un air blasé la bestiole, devenue repoussante, par le judas de la porte. Et SECRETS OF THE MOON a eu du mal à se trouver un nouveau partenaire, son nouvel attirail de séduction Privilegivm ayant eu beaucoup de mal à exciter les Black-métalleux qui avaient pris leur pied comme jamais avec Antithesis. Bref, un coup d’une fois magistral, mais la routine accompagnée d’un sentiment de frustration s’installe, quand bien même les préliminaires avec Carved In Stigmata Wounds s’étaient avérés prometteurs pour la suite de la relation (occultons la première approche avec Stronghold Of The Inviolables, jugement de premier regard dédaigneux sans chercher à saisir la beauté intérieure).

Nouveau venu parmi la fratrie rédactionnelle de VS depuis l’été 2010, il est temps que j’entame un processus de réconciliation avec SECRETS OF THE MOON. D’ailleurs il faut avouer qu’à un an près, cette relation passionnée aurait pu suivre son cours sans discontinuer. Malgré les remous et le départ de Daevas en 2007, dernier membre fondateur du groupe, j’avais plutôt bien apprécié Privilegivm, qui montrait un groupe en constante évolution. Cet album n’était certes pas facile d’accès, entre des morceaux directs ("Sulphur", "Black Halo", "For They Know Not") qui pour moi surpassaient certains titres d’Antithesis (que j’avais mis du temps à apprécier), les pistes peu digestes mais très bien ficelées ("I Maldoror", "Harvest"), et la fin de l’album plus éthérée mais malheureusement assez poussive ("Queen Among Rats", "Shepherd"). Tout n’était donc pas parfait mais le groupe affirmait son identité, avec son Dark/Black progressif très classieux.

Et la suite des évènements va nous montrer qu’en réalité, Privilegivm n’était qu’un album de transition, pour amener à quelque chose d’encore différent de ce que SECRETS OF THE MOON propose depuis Carved In Stigmata Wounds. Déjà, l’instabilité du line-up de la formation germanique se fait encore une fois ressentir. La bassiste française LSK n’est plus de la partie (étant juste créditée discrètement au poste de « Voice & Effects », mais plus aux instrumentations) et tout comme pour Privilegivm le groupe est un trio, articulé autour de l’indéboulonnable sG (chant principal, guitare, basse), accompagné du batteur TT et d’un second guitariste, Ar d’ODEM ARCARUM et SAEL. Cette fine équipe prendra aussi son temps pour réaliser le cinquième album de SOTM (pour les intimes), initialement annoncé début 2010 (!), bouclé en avril 2011, mais qui ne sortira qu’à la mi-mars 2012, repoussé à cause de sa « complexité ». La nouvelle œuvre des allemands se nommera donc Seven Bells, un album logiquement composé de 7 morceaux démarrant chacun par un son de cloche lugubre (arrangé différemment à chaque fois) pour poser l’ambiance, religieuse mais toujours occulte, typique des secrets de la lune.

L’évolution se poursuit et autant le dire tout de suite, n’espérez pas retrouver le côté lancinant mais incisif des "Versus" et autre "Lucifer Speaks" d’Antithesis, SECRETS OF THE MOON va explorer d’autres voies dans la lignée de Privilegivm, mais en mieux et surtout en plus abouti. Seven Bells a été mixé/masterisé par Tom G. Warrior, qui devient donc une sorte de porte-parole pour les nouvelles influences des allemands qui se situent quelque part entre CELTIC FROST et TRIPTYKON, sans que le groupe prenne une direction foncièrement Doom. Le son est plus râpeux, peut-être même un peu trop sec parfois, il y a pas mal de réverb sur le chant à quelques occasions, et l’ambiance se veut sombre voire minimaliste. Un peu plus Dark/Doom peut-être, mais le Black est toujours de la partie. SOTM retrouve même un peu l’agressivité qui avait été laissée au placard pour Privilegivm. Et cela démarre dès "Seven Bells" : après un départ magistral (cloches et guitares mystiques), c’est un déferlement de riffs implacables, pour un morceau diaboliquement accrocheur notamment grâce aux gimmicks vocaux de sG. L’atmosphère occulte et noire fait toujours partie intégrante de l’art de SOTM, mais va pourtant être un peu mise de côté pour "Goathead", morceau étonnamment old-school voire primitif, notamment le jeu de batterie, démarrant de manière très directe avant de partir dans un tempo plus lancinant avec des passages et breaks mélodiques.

C’est avec les cloches suivantes que SECRETS OF THE MOON va montrer son nouveau visage, bien différent de morceaux comme "Ordinance" ou "Black Halo" bien qu’on soit dans un esprit similaire. Un morceau comme "Serpent Messiah" est tout bonnement excellent, avec des arrangements bluffants, pour des riffs efficaces et des passages vocaux accrocheurs (ceux plus clairs sont épiques à souhait), bardé de trouvailles aux accents Black progressif particulièrement inspirées. "Blood Into Wine" applique la même recette avec brio, avec un aspect plus lourd mis en exergue par les grattes très pesantes et par le chant quasi-incantatoire. Et les trémolos salvateurs montrent que SOTM reste un groupe de Black mais triture toujours ce Black à sa manière. Pour les trois dernières cloches, le groupe retrouve les émoluments plus atmosphériques de Privilegivm, mais de manière plus convaincante que le final lénifiant de ce dernier. "Worship" est un morceau plus long et intimiste, avec un tempo très soutenu, un chant plus arraché et un aspect quasi-gothique (à la TYPE O NEGATIVE me souffle-t-on dans l’oreille), mais toujours dans le pur style noir et occulte de SECRETS OF THE MOON. On notera aussi l’intervention de Ulf Theodor Schwadorf (EMPYRIUM, THE VISION BLEAK) au vocaux sur ce morceau, ainsi qu’une partie centrale plus percutante avec des guitares sonnant très CELTIC FROST. On poursuit dans cette approche plus « calme » avec "Nyx", le morceau le plus lent et le plus atmosphérique de Seven Bells. On peut trouver ça mou (surtout si on est resté bloqué sur Antithesis…) mais force est de reconnaître que ce morceau est bien mieux ficelé et plus mémorable qu’un "Queen Among Rats", avec des passages épiques de toute beauté et un chant déchirant, le tout ponctué par un final apocalyptique avec l’organiste de BOHREN & DER CLUB OF GORE. C’est "The Three Beggars (Satan’s Church)" qui va conclure Seven Bells avec 12 minutes parfaitement équilibrées entre Black progressif assez accrocheur et travail sur les ambiances, ici accompagnées par des vocaux féminins et par l’excellent Kvohst, bien qu’il soit dommage que ce dernier soit assez discret et que le morceau soit peut-être un poil trop longuet.

Tout comme Privilegivm, Seven Bells n’est pas forcément facile à aborder mais s’avère bien plus digeste que son prédécesseur, et est bien plus varié pour retenir l’attention et multiplier les écoutes sans s’en lasser. Tout le monde peut y trouver son compte et il serait dommage de s’arrêter à quelques passages prétendument mous du bulbe. Ce n’est plus du vrai Black qui tache, ou même du Black lancinant et personnel comme sur Antithesis, c’est SECRETS OF THE MOON qui trace son chemin à sa façon, sans se soucier des influences extérieures. SOTM poursuit son évolution musicale et la progression de son Black progressif, qui n’est pas loin de son apogée avec Seven Bells, nettement plus abouti que Privilegivm qui avait déjà quelques qualités. Tout comme ce dernier ne faisait pas l’unanimité, Seven Bells n’atteindra pas non plus le Saint Graal du « mettre tout le monde d’accord », mais il n’empêche que ce disque est une pièce de premier choix de Dark/Black progressif original, noir et occulte, accrocheur et prenant, maîtrisé dans la composition et les arrangements (notons d’ailleurs que cette galette dure une heure, pile-poil). Un album de grande classe très séduisant, agréable à l’œil (même si les digis des deux précédents étaient un peu mieux à mon goût) et à l’oreille, qui donne envie de reprendre une liaison passionnée, qui n’aurait jamais dû connaître de tels accrochages, avec SECRETS OF THE MOON.

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Rédigé par : ZeSnake | 17/20 | Nb de lectures : 16491




Auteur
Commentaire
grozeil
Membre enregistré
Posté le: 25/04/2012 à 10h51 - (101719)
Mmmmh, des noms apparaissent sur cette chronique comme Tryptikon ou Bohren... Il m'en faut pas plus pour lancer la commande!



Warhammer
Membre enregistré
Posté le: 25/04/2012 à 11h49 - (101721)
j'avais adoré Privilegium, là Seven Bells fait aussi bien. Et encore je trouve le début de l'album moins accrocheur, la seconde partie ayant ma préférence avec ses morceaux plus longs et épiques. Sélection VS méritée!

chewbaka
Membre enregistré
Posté le: 25/04/2012 à 13h58 - (101724)
Tel bel album, trèssombre et puissant... et puis la pochette, quelle classe !



Conan
IP:86.218.123.246
Invité
Posté le: 25/04/2012 à 16h50 - (101738)
ENORME

SIMOVAR
Membre enregistré
Posté le: 26/04/2012 à 09h16 - (101750)
UNE TUERIE !!



nokbourrin
IP:84.103.33.234
Invité
Posté le: 26/04/2012 à 23h19 - (101770)
Je decouvre un peu tard ce groupe, mais les premieres ecoutes sont plus que positives !!

Superbe pochette en plus

Skeksis
Membre enregistré
Posté le: 27/04/2012 à 01h29 - (101772)
Privilegium était excellent, il avait juste le mauvais goût de ne pas être un chef-d'oeuvre comme les 2 précédents.
Celui-là, par contre, se qualifie sans problème.



cherokkee
Membre enregistré
Posté le: 01/05/2012 à 11h31 - (101843)
Ca me donne bien envie d'écouter un peu plus... ressenti plutôt positif tant la musique est élaborée... mais j'attends de voir ce que ce groupe a vraiment de neuf à nous dire. Pour l'instant j'entends beaucoup de Textures et de Meshuggah dans tout ça !

cherokkee
Membre enregistré
Posté le: 01/05/2012 à 11h36 - (101844)
ah zut j'ai pas posté au bon endroit! désolé, c'était pour Outcast...

Diabolical
IP:89.86.173.61
Invité
Posté le: 28/09/2013 à 18h26 - (109298)
magistral pour ma part j'adore se groupe

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