Après un "The Exhibitions EP" très mise en bouche, ce troisième véritable album des Allemands de SotM se faisait quelque peu attendre. Le groupe est resté relativement dans l'ombre avec ses précédents opus "Carved in Stigmata Wounds" (2004) et "Stronghold of the Inviolables" (2002). Il était donc à espérer que "Antithesis" soit l'album d'une plus large reconnaissance. Profitant du concert à Paris du quartet allemand, j'ai investi dans le sobre mais superbe digipack de leur dernier album. Et depuis la bête tourne en boucle dans mon lecteur...

SotM pratique un black d'apparence simple et au final peu agressif. Enfin, un black... Le groupe y puise ses racines mais sa musique ruisselle et se développe pour former un métal très sombre et personnel. Les bases du style sont conservées (blasts, riffs en tremolo, voix) mais la mutation s'opère peu à peu. Dès l'intro instrumentale, le ton est donné: nous allons côtoyer la puissance et la lourdeur. Les guitares optent souvent pour des accords plaqués avec fougue, des arpèges mélancoliques et des leads lents et mémorisables. Pourtant sous l'apparente simplicité, les compositions sont truffées de chausse-trappes et on se laisse porter par leurs méandres et leurs surprises (les leads de "Confessions" sont excellemment bien enchaînés). Le groupe s'appuie sur une ligne de guitare, une mélodie ou un pattern de batterie pour faire bouger son morceau un peu plus loin. Un break et on part sur une autre idée qui semble miraculeusement coller à la précédente. Les riffs s'étalent comme du chewing-gum sur de longs instants, se brisant d'un coup sans espoir de retour. L'effet est proche de l'hypnose créé par certains groupes de doom. On revient toujours écouter "Antithesis", comme dépendant d'une substance vitale, désireux de se faire écraser de la puissance d'un "Metamorphoses" comme des mélodies du dynamique "Ordinance".

Pendant près d'une heure, "Antithesis" prend aux tripes et propose une musique personnelle et audacieuse. Virevoltant entre les riffs blastés ou plombés avec détermination, SotM réussit son album le plus abouti. En live, ces pièces sont un piège pour l'auditeur qui se retrouve subjugué. L'auditeur se retrouve submergé de fréquences. Les basses sont notamment très présentes dans l'opus et créent un groove imparable dans une production d'une grande limpidité. Il n'est pas étonnant de retrouver derrière ce gros son l'incontournable Markus Stock et son Klangschmiede Studio. Comme pour l'album "Spirit" d'Eluveitie, l'ex-Empyrium s'est entouré de Tobias Schönemann pour travailler.

"Antithesis" est difficile à décrire et j'en perds mon latin avec cette sortie Lupus. Cet album se ressent, s'écoute avec toujours le même plaisir mais il n'est pas évident à retranscrire avec des mots. Comment en parler sur toute une page alors qu'il appelle à la sobriété? Peut-être en donnant quelques adjectifs: sobre, puissant, racé, enivrant... au final superbe. "Antithesis" est vraiment un de mes gros coups de cœur de cette fin d'année.




Rédigé par : Prince de Lu | 17,5/20 | Nb de lectures : 17078