Alors que nos concitoyens commencent à dénuder leurs corps dans les cabines de plage, certains norvégiens se rendent dans les cabanes dans la forêt. En tout cas, c'est le chemin qu'a suivi Dirge Rep qui, après avoir écumé la moitié des pointures de la scène norvégienne, repointe son nez dans ce Secht dont il est le moteur. Son acolyte est Vrangsinn (Carpathian Forest, Hatepulse, World Destoyer). Les deux compères font également partie de Neezacht dont la kronik va suivre/précéder celle-ci de peu. Dans ce "Secht", Vrangsinn se charge des parties de guitare, de la basse, un peu de claviers et des voix. Dirge Rep se garde la batterie, les vocalises également et l'écriture des textes. A noter que le projet, déjà boosté par la présence de deux "gens connus" de la scène norvégienne, va accueillir en guest vocalistes bon nombre de people du coin (Gaahl, Nocturno Culto, Høst, Nag, Apollyon) ainsi que Nordavind pour des voix et un p'tit coup de fiddle. Si c'est pas de l'argument-vente ça...

J'ai déjà récemment poussé un coup de gueule envers la scène truiste (voir la kronik de Neezacht, un peu de patience si elle n'est pas parue), je ne remets donc pas le couvert ce coup-ci. Encore une fois, nous n'avons pas affaire à un album, mais bien à un concept. Toute la recette est respectée, jusqu'au moindre ingrédient: l'enregistrement quasi live dans des conditions pauvrissimes, les invités prestigieux, les compositions dont la tablature tient sur un ticket de métro, l'opacité conceptuelle (pas de titre, pas de texte, "fuck you" quoi), etc... Dirge Rep et son acolyte se sont profondément inspirés des idées de Darkthrone pour nous pondre ce premier opus (comme c'est original).

L'album est ici composé d'une unique plage de 37 minutes. En comptant 5-6 min par riff, je vous laisse vous faire une idée de la structure audacieuse de ce court album. L'unique guitare étale longuement les riffs, alternant quelques parcimonieuses parties acoustiques pour varier un peu de l'électrique (le premier riff aplati sur six minutes trente est particulièrement déprimant). La batterie est.. comment l'exprimer... nulle. J'ai eu, fut un temps, un certain respect pour Dirge Rep, notamment par sa présence dans Enslaved. J'ai depuis quelques années déchanté grandement sur les qualités musicales du bonhomme. Dans ce Secht, Dirge Rep confirme ses prestations live abominables et le fait qu'il a clairement été recalé sur les albums d'Enslaved pour y être carré. Comme pour Neezacht, les breaks et roulements sont affreux, donnant par moments un côté jazzy involontaire. Les pains dans le reste de l'instrumentation complètent l'ensemble, dont on va probablement m'expliquer que "c'est fait exprès et que c'est true donc que c'est normal qu'ils jouent comme des brelles des compos simplissimes". Par contre, les voix sont variées et le duo peut remercier la liste de vocalistes qui sont venus apporter un peu de fraîcheur à tout ce bazar indigeste. Mais même le meilleur chanteur du monde ne peut pas faire de miracles avec un matériau de base pareil (souvenons-nous de l'échec de Virginie Pouchain).

Si vous êtes true jusqu'au bout des ongles, cet album est pour vous. Pour ma part, Dirge Rep touche le fond avec ce projet-cliché sorti le 06/06/06 chez ANP Records (Another Norwegian Product). Je vais aller planquer ce CD au fond de ma disco pour que personne ne le retrouve jamais, que jamais quelqu'un qui veut m'exposer que "le BM c'est de la merde" ne trouve ce bidule. C'est rare mais, parfois, la Norvège me fait honte...

N'espérez pas un extrait ou un site web du groupe. Puisque que je vous dis que c'est true.


Rédigé par : Prince de Lu | 05/20 | Nb de lectures : 18040