Comme dans toutes les musiques bizarroïdes venues de l'espace, tout a commencé par un riff froid et répétitif, une batterie en complet décalage avec le rythme, une basse (enfin deux basses!) essayant de raccorder les wagons et une voix montant le plus haut possible comme si elle cherchait à s'échapper de ce foutoir sans nom.
On le sait avec SEARCHING FOR CALM, la musique est technique et bordélique... et il est extrêmement rare que des mecs sachant jouer se foutent à glander subitement en se mettant à fonctionner à l'économie.
Il y aura donc du shred dans la place... amis des mesures composées, bonsoir.
La voix ne laisse point de suspense quant à la direction que le groupe va emprunter, ils seront une fois encore plus dans la veine à la THE MARS VOLTA que dans celle de DILLINGER ESCAPE PLAN.
Mais ne vous méprenez pas, le groupe n'est pas un clone à la bande à Omar Rogdriguez Lopez. Il y a vraiment des influences c'est certain, mais il y a aussi quelques éléments très personnels dans ce nouvel album baptisé « Celestia Greetings ».
Les Polonais n'en sont pas à leur coup d'essai puisqu'ils avaient déjà sorti une petite démo en 2005 et un premier album en 2007. Pour ceux qui les connaissaient, les influences restent les mêmes, nos amis n'ont pas été piocher dans les plans de guitare de Cobain pour inspirer leur musique.
Comme je le disais quelques lignes plus haut, dès les premiers morceaux, on a l'impression de se retrouver en terrain connu tant les fantômes musicaux qui surgissent sont familiers.
Mais si les influences sont manifestes, le groupe joue une musique qui a du caractère.
D'abord le son de la guitare qui est assez singulier. Au début je croyais que le gars jouait tout le temps en son clair. Après écoute attentive, c'est clair que le mec utilise pas une Metal Zone II et peut-être même qu'il n'utilise même pas d'overdrive.
Le résultat est en tout cas très réussi, puisque la guitare sonne de façon extrêmement massive tout en restant très définie. Ça a l'air de rien dit comme ça, mais faire un bon mur de son puissant sans disto... en musique dite "rock"... c'est vraiment pas si évident que ça.
L'approche harmonique est elle aussi assez particulière. Assez peu d'accords ouverts, pas mal de note à note et une ambiance empruntant plus au Jazz qu'au Blues. La guitare apparaît donc un peu étrange et gomme l'aspect « gentil » qu'elle pourrait avoir si elle avait joué selon les canons habituellement employés quand on joue en son clair.
La section rythmique est assez « Free style » dans l'esprit puisque le batteur et les bassistes s'amusent comme des petits fous en posant sur les dynamiques mélodiques des beats décalés et inattendus. « Once in a Lifetime » est assez révélateur de mes propos puisque avec un air particulièrement joyeux (on croirait presque de la musique exotique par moments) le groupe arrive à brouiller les pistes et à perdre l'auditeur dans les représentations qu'il s'était forgé au départ.
La voix est particulièrement bien maîtrisée, claire, puissante et « portée ». Le mix fait d'ailleurs une très jolie part à l'organe du chanteur puisqu'elle est vraiment très « en avant » des instruments.
C'est cependant très bien dosé puisqu'elle n'étouffe rien et ne détériore pas l'identité des chansons.
En parlant d'identité d'ailleurs, plus on progresse dans l'écoute du disque et plus on constate que l'univers des SFC est vaste et ramifié dans une multitude de courants très différents.
On passe de la franchement énervée « Airs and Graces » à la très mélodique « The Eyes » sans que cela ne semble perturber le groupe. A des moments, on croit « tenir » ce qui est l'essence du groupe avec « Screens » mais rapidement le groupe nous amène ailleurs sans se retourner une seule seconde sur ce qui semblait trop trop le faire triper deux minutes avant.
Il faut donc plusieurs écoutes pour cerner le combo et comprendre sa démarche. Il en résulte donc un petit problème de cohésion et suivant qu'on est a) Une mule b) Une donzelle en fleur C) un tordu qui n'aime que le 5/4, on se précipite vers les morceaux qui sont dans la veine que l'on aime.
SFC a vraiment du potentiel et une belle inspiration dans ses morceaux mais il lui manque encore d'unifier ses chansons pour en faire quelque chose de vraiment percutant. Un groupe intéressant qu'il faudra suivre de près lors de sa prochaine livraison. En attendant vous pouvez toujours vous faire plaisir en allant écouter un petit triumvirat de leurs chansons... SEARCHING FOR CALM en a quand même écrite quelques-unes de très bien.


Rédigé par : pamalach | 12.5/20 | Nb de lectures : 12164