C’est désormais monnaie courante de nos jours, quand un groupe de vétérans décide de nous remettre le couvert dix ans après sa séparation, on n’est pas plus ému que le commun des mortels devant une plâtrée de moules tièdes sur une aire d’autoroute. Quand il s’agit d’un éminent représentant de la scène death suédoise qui avait bercé l’émoi de nos jeunes années par une paire d’albums vindicatifs, on se sent déjà plus enclin à un embryon d’intérêt. Mais quand, en plus, le groupe revient en force avec trois de ses membres d’origine, on finit par se rendre compte qu’on en a une « demi-molle » et que tout compte fait, c’est plutôt une bonne chose que SEANCE ait décidé de sortir de sa retraite anticipée.

Bon quand je parle de retraite, c’est presque ça puisqu’une majeure partie du groupe était partie fonder WITCHERY ou s’amusait dans SATANIC SLAUGHTER avant de se rendre compte en 2008 qu’ils ne ramassaient pas plus de groupies qu’à l’époque où ils jouaient du métal plus riche en testostérone (bon d’accord j’extrapole peut-être un tout petit peu mais quand même). Dans la foulée, on rappelle le chanteur originel, Johan Larsson (à ne pas confondre avec son homonyme ex-IN FLAMES) on lui colle une basse et hop!, SEANCE est paré pour reprendre les affaires là où il les avait laissées en plan ; quelque part en 1993, année de sortie de « Saltrubbed Eyes » leur dernier album à date et aujourd'hui.

Si l’époque des crèmes contre l’acné semble désormais bien lointaine pour les protagonistes de SEANCE, c’est pourtant toujours empreints de cet enthousiasme purement juvénile qu’on les retrouve, plus death metal que jamais. Certes, les zicos ont pris de la bouteille en même temps que du bide et leur musique est désormais plus sage pour ne pas dire plus mûrement réfléchie. Ainsi le côté « chiot fougueux » de « Fornever Laid To Rest » a aujourd’hui cédé la place à un death metal régulièrement ponctué de riffs plus thrash/speed que naguère. Les titres s’enchaînent à bon train avec une vivacité qui fait chaud au cœur et aux cervicales. Johan Larsson a eu la bonne idée de ne pas perdre sa voix en chemin et nous prodigue toujours des grognements monocordes caverneux à souhait et SEANCE semble ignorer (volontairement) la notion de gros son en plastoc qui fait des ravages par les temps qui courent pour avoir préféré une production dépouillée et sans âge. Histoire de prouver qu’ils savent quand même toucher leur bille avec leurs instruments, le groupe a cru bon de nous placer deux interludes instrumentaux « Flight of the Wicked » et « Revel in death » qui, sans être mauvais le moins du monde, n’apportent strictement rien au disque et tranchent outrageusement avec le reste de cette fougueuse galette.

Pourtant, si l’on sent bien que certains titres sont taillés comme de futurs standards du groupe, « Awakening of the Gods » manque tout de même de cet ingrédient si particulier qui fait toute la différence entre un disque efficace et un disque « trop-d’la-balle-qui-déchire-ça-race ». Avec un peu moins de matière grise et un chouia plus de feeling, SEANCE aurait tenu là, un album come-back spectaculaire. Au lieu de cela, on se retrouve avec une rondelle très sympa mais peut-être pas suffisamment pour être qualifiée d’indispensable.
Vous pouvez toujours vous faire une idée sur leur page myspace qui propose uniquement des titres de « Awakening of the Gods ». SEANCE aurait-il oublié les deux albums sortis au préalable ?




Rédigé par : Tonton | 14/20 | Nb de lectures : 10785