Depuis que mes bien-aimés patrons ont appris que j’avais subi un nombre conséquent de commotions cérébrales, je suis devenu le crash test dummies de la chronique. La cascade de la mort qui tue du jour nous vient de la charmante cité de Montauban et nous largue son premier full-length comme disent les djeuns la mèche dans le vent. J’en vois déjà en train de se tirer sur le berlingot en matant la pochette. Calmez-vous, ce ne sera pas la peine de ressortir votre vieux perfecto patché.
Outre cet aspect oldschool désuet, voir la mort se suicider en compagnie d’un nain de jardin sous l’œil goguenard d’un squelette jouant de la gratte dans le firmament d’un ciel nocturne, risque fort de rentrer tout droit au panthéon de la pochette culte.

What the fucking fuck !!! A l’écoute, ma bouche pâteuse ne put articuler que ces quelques mots. Musicalement, on a affaire à un joyeux bordel sonore mais attention le pot-pourri est certifié 1993. Ouaip, ça ne nous rajeunit pas ! On trouve de tout mais pas mélangé ou alors pas comme il le faudrait.

Alors, il y a du thrash, du hardcore, du neo, de la fusion, des ballades et un violoncelle ! Le hic est que ça sent si fort le pastiche que je n’arrive pas à déterminer si tout cela n’est pas du second degré. J’ai bien relevé quelques indices comme le break des miaous lors du dernier titre mais ces moments sont contredits par des textes engagés ou les ballades. Blague ou pas blague ? Si s’en est une, alors le trait n’est pas suffisamment épais pour que notre boyau de la rigolade explose. Si cela est du premier degré, alors c’est confondant de naïveté.

Mais revenons à la musique, ça commence de manière classique avec un thrash à gros riffs. Il faut dire que le son est bien lourd, bien gras avec un accordage bien bas. Il y a un petit côté Anthrax sympathique. La voix frelatée n’est pas des plus excitantes d’ailleurs, le chant va s’avérer le gros point noir de la galette. Mais alors que ça thrashe, v’là ti pas que j’te balance un petit break fusion avec voix parlée en français.
Le deuxième titre se lance dans un hardcore oldschool pur et simple. Une fois encore, les cris stridents du chanteur viennent gâcher la fête.
Le morceau suivant est quasiment une repompe de RATM excepté l’insertion d’un break mélodico-grunge du plus vilain effet. N’est pas Zach de la Rocha qui veut !
Quatrième titre et première ballade, si je vous dis qu’il y en a pour plus de sept minutes quand même ! Gratte sèche, piano et la voix claire pire que celle d’Amesoeurs, si, si c’est possible ! En revanche, le pont qui mène au refrain est vraiment bien fichu avec sa petite rythmique militaire. A noter que lors du final, le refrain est doublé par des hooligans !

Légère accalmie dans le bazar avec un morceau thrash, mais la suite enchaîne avec du grindcore furieux qui va aller s'écraser dans du lourd groovy. Mais voilà déjà le deuxième « slow » avec un refrain en voix claire encore une fois magnifique mais comme la précédente ballade cette dernière est rehaussée par un violoncelle qui apporte un supplément d’âme bienvenu.
La prochaine étape est un pastiche de Korn sauf qu’histoire de varier leur neo, ils balancent un solo heavy qui déboule un peu comme une trace de pneu au fond du slip.
Vient enfin le dernier titre qui va nous faire une sorte de résumé de la galette. Une petite dose de thrash coupée par un refrain metalcoré Slipknotien, un break à base de miaous miaous, un hommage à The Wall, tiens du blast et le violoncelle vient apporter un peu de sa classe à ce fatras.

Certes n’importe quoi mais ne soyons pas trop vache avec ces petits gars qui m’ont l’air sympas et qui ont l’air de bien s’amuser à faire leur tambouille. Non, car mine de rien même si les riffs sont parfois un peu usés, ils se montrent suffisamment accrocheurs et efficaces. Et puis franchement, j’apprécie vraiment ce son bien épais et le violoncelle est une belle idée à creuser. De surcroît, les zicos ne sont pas manchots, ça joue même plutôt bien.

Au final, un album bordélique dont je suis incapable de déterminer s’il s’agit d’une parodie, d’un hommage ou de je ne sais quoi… Tout cela s’apparente beaucoup à la démo d’un jeune combo qui n’a pas encore réussi à se débarrasser de ses influences et dont le chanteur le fait sonner comme un excellent groupe de fête de la musique.

En fait, c’est ça, typiquement le genre de groupe sympa à écouter un soir de fête de la zique. Peut-être même qu’on leur achètera leur démo si l’on est fortement alcoolisé mais en l’état ce sera tout.


Rédigé par : Dark Rabbit | 07/20 | Nb de lectures : 11945