Il y a quand même des groupes qui, consciemment ou pas, donnent le bâton pour se faire battre : se présenter comme un groupe d’« aggressive death metal » quand on pratique un néo thrash certes burné mais somme toute conventionnel, c’est tout de même risqué. Pas parce qu’il y aurait quoi que ce soit de dégradant à faire du néo, mais tout simplement parce que ceux qui n’écoutent pas de death n’iront pas écouter les morceaux, et que ceux qui n’écoutent que ça lâcheront l’affaire au bout de 2 secondes. Donc, oublions le death et voyons ce que « Human Factor » a dans le bide.

Premier constat, SCORN AGE n’a pas choisi le style le plus à la mode pour se lancer sur le marché du disque : son gros néo-power thrash était peut-être très en vogue il y a quatorze ans, mais de nos jours il est carrément désuet… quoique. Et oui, ces malins d’Ukrainiens jouent peut-être dans une catégorie que beaucoup ont déserté, mais ils le font avec la même colère qu’à l’époque et surtout, ils ont fait en sorte de conserver toute la puissance des rythmiques par un jeu franchement métal. On est donc plus proches d’un ZUUL FX que d’un MACHINE HEAD époque « The Burning Red », et à ma grande surprise, ça marche plutôt bien ! Les compos sont directes, pour la plupart efficaces, avec des rythmiques bien franches et un chant guttural assez varié et vivant pour éviter ce sentiment de répétition qui peut découler du manque de riffs marquants dont souffrent souvent les albums de ce style.

Deuxième constat, non seulement l’album s’écoute plutôt bien, mais en plus il pourrait bien avoir une durée de vie supérieure à celle que j’avais estimé. Le fait de pratiquer un style que presque plus personne ne pratique n’y est pas étranger : ce qui est déjà vieux ne peut pas vieillir, dans un sens, et pour qui n’aurait pas énormément d’albums comme celui-là, « Human Factor » constituera un très bon divertissement occasionnel, un sympathique retour sur une période assez mouvementée pour le métal. Doté d’une bonne prod et d’un artwork bien foutu associant agriculture intensive et danger nucléaire sous une lumière crépusculaire, résumant ainsi en deux images un demi-siècle de l’histoire ukrainienne contemporaine, ce premier album est finalement, malgré ce côté désuet que j’évoquais tout à l’heure, une bonne surprise. Il faudra néanmoins à SCORN AGE pousser un peu plus loin la composition s’ils veulent durer, mais pour un début ce n’est pas mal du tout et le label français Another Sphere Records (IN ARKADIA, WITHDRAWN, DAKRYA) ne s’y est pas trompé en décidant de leur donner leur chance. A suivre donc…


Rédigé par : Dungorpat | 13,5/20 | Nb de lectures : 10304