Le Thrash est un style plaisant, entraînant et ultra énergique, mais qui par contre ne laisse vraiment pas beaucoup de place à l’approximation... En effet, tout comme son petit frère le Thrash qui a du Corps, ou même le cousin Extrême, tout repose sur l’efficacité et l’aspect accrocheur des compos. Un album de Thrash sans groove, sans énergie ou dépourvue d’une réelle capacité à déclencher des headbangues est comme un groupe de Crab Core sans danse stupide ni mèches décolorées : c’est la déroute assurée.

Les Italiens de Schizo l’ont bien compris. Après une petite (inutile) intro, 'Hallucination Cramps' démarre sur les chapeaux de roues, avec deux titres ultra puissants et catchy. D’emblée, on comprend que le trio a la patate, et qu’ils mettent toutes leurs tripes dans leurs compos afin de décupler cet aspect accrocheur. Bien que porté par une qualité musicale et un professionnalisme indéniable, il est peut-être utile aussi de préciser que ce groupe est loin d’être un énième nouveau groupe issu de la génération ‘McDo/MySpace’...
En effet, Schizo s’est formé en... 1984, et a depuis sorti 5 albums ou EP. On peut donc dire sans trop se mouiller que le groupe maîtrise sans problème ce qu’on appelle le Thrash Extrême, surtout si l’on tient compte de leur premier album 'Main Frame Collapse', qui fut en son temps l’un des plus féroces manifeste de Thrash et qui jouit aujourd’hui encore d’une renommée indubitable.

Les Schizo sont revenus sur le devant de la scène après une longue période d’inactivité ; et après un bon album paru en 2007 ('Cicatriz Black'), Schizo continue son opération de distribution gratuite de mandales, avec un talent et une efficacité indéniables.
Leur vision du Thrash/Death/Extrême est ici poussée à son paroxysme, en terme de violence musicale. Et cela se traduit par une bestialité réelle, implacable, illustrée par de furieux et nombreux blast-beats frénétiques. A l’image de 'Psycho Limbs Cut Apart', 'Deviata Sevitia' et 'Electric Shock', Schizo sait appuyer sur l’accélérateur, tout en alignant des riffs acérés et accrocheurs, évoquant ainsi certaines icônes telles que SODOM ou DESTRUCTION, en version plus violente, bien aidé en cela par les rythmes rapides et autres hurlements criards typés Black.
Bien que sensiblement inférieur et moins varié que ces Ancêtres, Schizo joue bien du Thrash, sauf que le trio italien a choisi d’opter pour la forme la plus rapide et la plus violente du Thrash, produisant ainsi un album franchement accrocheur et efficace.

Exceptée donc l’intro, le reste n’est que déboîtage de nuque. Si la majorité des titres sont donc bâtis sur des rythmes ultra rapides et totalement hystériques, d’autres morceaux s’aventurent d’avantage sur des structures plus classiques, avec mid-tempos, ralentissements terriblement headbanguants et rythmes sautillant dans la plus pure tradition du Thrash, comme sur 'Isolution' ou 'Disfigurhead'. Du pur Thrash Extrême, avec riffs catchy et rapides, et tempos évoluant du mid-tempos accrocheur aux blast-beats frénétiques.
Les riffs, justement, jouent eux aussi parfaitement leur rôle de détonateur imparable : typiquement Thrash, ils sont souvent rapides et énergiques, avec quelques incursions plus mélodiques par moment.

Là encore, ne cherchez pas l’originalité, car cet album en est dépourvu. Mais l’efficacité et la folie sont en revanche bien présentes, et la capacité de percussion et d’headbangue de cette rondelle est réelle.
Les vocaux seront peut-être l’aspect qui pourrait rebuter certain d’entre vous (même si je ne le cautionne absolument pas) : Nicola Accurso s’époumone dans des cris exclusivement criards et aigus, en hurlant avec frénésie et passion, mais sans variation.

Bien évidemment, un air de "déjà-entendu" plane sur cet album, notamment au niveau des riffs... En outre, le son de batterie (et particulièrement les triggs et la double-pédale trop gonflée) risquera de faire tiquer les plus exigeants d’entre vous, ce qui, néanmoins, ne nuit absolument pas à l’impact et à la puissance de ‘HC’'Hallucination Cramps'. Car quand bien même nous ne tenons pas l’album Thrash Extrême de l’année, en raison d’un côté ultra-basique et peu recherché, l’alchimie entre cette simplicité et l’énergie déployée permet cependant de passer un excellent moment et de se décrocher les cervicales avec un sourire béat.
En 10 titres (hors intro) et une grosse demi-heure, Schizo démontre qu’il n’a rien perdu de sa fougue et de son envie, et vous lacèrera les tympans en brisant vos cervicales après cette demi-heure de headbangue quasiment ininterrompus.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 14,5/20 | Nb de lectures : 12332