Nous avions été quelques-uns uns à nous poser des questions lorsque, l’année dernière, Avantgarde avait pris la décision de rééditer « Main Frame Collapse » premier album des Italiens SCHIZO sorti, à l’origine, en 1989. Hormis pour quelques curieux et une brochette de presque quadragénaires nostalgiques, il était certain que cette exhumation n’allait pas faire date. Non pas que « Main Frame Collapse » soit mauvais, loin de là. On pourrait presque qualifier cet enregistrement de « classique du métal extrême transalpin » malgré le sérieux coup de vieux qu’il a pris derrière les étiquettes depuis sa sortie.

Un an plus tard, une reformation en bonus et un nouvel album en prime, les raisons de cette réédition paraissent nettement moins obscures, SCHIZO ayant sans doute eu besoin de dépoussiérer son nom pour son retour. Peut-être, aurait-il été plus judicieux de sortir, enfin, « Artifice of Reality » leur deuxième album encore inédit datant de 1996. A croire que personne n’a prêté attention au groupe dans les années 90 malgré son statut culte.

Je perçois déjà les commentaires de quelques pignoufs naïfs fantasmant sur les motivations bassement mercantiles d’une telle reformation. Il faudrait tout de même bien garder à l’esprit qu’il s’agit ici de métal on ne peut plus underground. Par ailleurs, les répercutions financières du come-back d’un groupe qui vendait à peine quelques centaines de cassettes lorsqu’il était au sommet de sa carrière ne permettront guère à SCHIZO de rouler sur l’or et encore moins de faire une entrée fracassante dans la jet-set comme certains aimeraient le croire.

Alors qu’en est-il de SCHIZO après ces quelques années en suspend ? Hé bien ça se passe plutôt pas trop mal vu qu’Alberto Penzin n’est plus l’unique membre d’origine. En effet son vieux complice, S.B. Reder, le guitariste originel, a repris le manche depuis 2005. Avec ce « Cicatriz Black » SCHIZO arrive à négocier son retour sans trop de dommage. Si le premier contact avec cet album par « Odium Restitution » et son intro très brutale laisse planer l’illusion d’un album plutôt moderne, SCHIZO revient très rapidement à son style de prédilection ; un métal hybride tenant aussi bien du thrash que du death, ponctué de passages atmosphériques de relents punk et doté d’un chant aigu plus maîtrisé que naguère. Parfois les riffs thrashy prennent une tournure assez proche de celles qu’on découvrait aux balbutiements du black metal. Parfois le chant évoque régulièrement le regretté Chuck Schuldiner quand il ne lorgne pas sur le heavy metal comme sur le pénible « Shine of Scars ».
Si SCHIZO place ici et là des accélérations caractéristiques d’un métal plus contemporain et varie les plaisirs dans des interludes plutôt réussis, le quatuor reste cependant farouchement ancré dans une vision résolument old school de son métal. A croire que les évolutions du genre au fil des années ont glissé sur le groupe s’en trop le parer de couleurs actuelles.

Histoire de terminer son album sur un clin d’œil à ses origines, SCHIZO a choisi d’opter pour une respectueuse reprise d’Ennio Morricone avec le thème principal du « Clan des Siciliens ». L’adaptation métallique de cette musique fournit au groupe italien l’épilogue idéal à son véritable retour dans les bacs. Contre toute attente « Cicatriz Black » n’est pas le disque gentiment « has been » qu’on aurait pu escompter mais ça n’en fait pas une galette incontournable pour autant puisque le disque ne brille ni pas son originalité, ni pas sa fraîcheur. Sympa, tout au plus, c’est le mot qui résumera le mieux ce retour pas franchement attendu. Mais que voulez-vous ? Quand les quadragénaires ont le métal dans le sang, il ne faut pas s’étonner qu’ils fassent des rechutes.


Rédigé par : Tonton | 14/20 | Nb de lectures : 9738