Il est enfin là, ce quatrième album tant attendu par les fans du groupe et tout ceux qui avaient été éblouis par le potentiel de Scarve sur le convainquant "Irradiant" sorti il y a déjà 3 ans. 2006 aura été une année noire et définitivement à part dans la carrière de la formation nancéenne, elle devait pourtant être celle de la consécration, il était initialement prévu que cet album sorte à l’automne 2006, mais les péripéties de la vie du groupe ont voulu que les choses se passent autrement.

"The undercurrent" est comme un bébé auquel on aurait diagnostiqué toutes les maladies possibles pendant ses mois de gestation, les spécialistes ne donnaient pas cher de sa survie, la famille Scarve a fini par accoucher de son p’tit dernier dans la douleur, c’est un album inespéré qui en surprendra plus d’un. Je vous rassure le papa et la maman vont bien !

Vous le savez sûrement, je suis un fervent défenseur de Scarve, un fan depuis "Transluence", j’étais pourtant franchement inquiet et plein d’interrogations vis-à-vis de "The Undercurrent". Les changements de line-up, les projets plus si parallèles que ça, les rumeurs et le manque de communication du groupe m’avaient vraiment fait craindre le pire, j’envisageais même que la sortie de "The Undercurrent" soit accompagnée d’une annonce de séparation ou quelque chose de très désagréable dans ce genre...
Aujourd’hui, après avoir pris le temps d’assimiler ce nouveau CD, je suis devenu très optimiste pour la suite de l’histoire de Scarve, histoire qui prend ici un tournant majeur.

Réglons d’abord la question du chant, Scarve conserve complètement son identité bicéphale à base de chant clair et de chant hargneux, et ce, malgré le départ de Guillaume Bideau. Son remplaçant Lawrence Mackrory évolue dans un registre très proche, la principale différence étant que son timbre vocal est sûrement un peu plus lisse et moins personnel sur les refrains chantés. Pour le reste, le placement de son chant semble avoir été judicieusement inspiré par les précédents albums du groupe et son talent est indéniable. Ceux qui rêvaient d’un Scarve sans alternance de voix peuvent retourner à leurs fantasmes. Le dialogue Pierrick/Lawrence est très performant sur l’ensemble du disque. De la même façon les passages sur lesquelles les 2 voix sont superposées sont de vraies réussites. Signalons également le fait que le style de Pierrick a muri exprimant des sentiments de dégouts et désolations avec sa hargne habituelle, il passe ainsi sans difficulté d'une voix ample et profonde à des instants plus criards et violents.

D'un point de vue musical, Scarve a réussi le pari difficile de franchir un nouveau cap en évitant les erreurs qui auraient pu être de proposer un "Irradiant" part 2 ou encore de sombrer vers un pop melodeath en adoucissant ou lissant son style. La formation nancéenne a évolué prenant une orientation plus sombre et malsaine, faisant de "The undercurrent" leur album aux sonorités les plus "death metal". Il s’agit certainement du disque le plus agressif de leur discographie.
Le côté synthétique et purement moderne d’"Irradiant" a cédé sa place à un son de guitares bien plus gras, assenant des riffs lourds agrémentés de solos plus vicieux pendant que l'ensemble rythmique propose des passages véloces et martiaux abasourdissants.

Les compositions de "The undercurrent" sont très variées et différentes, il suffit de se laisser le temps d'être absorbé par ces titres denses aux arrangements riches. Si certaines chansons comme "Endangered" ou "Imperceptible armageddon" proposent des structures assez classiques pour le répertoire du groupe, les compositions comme "Senseless" ou "Fathomless descent" sont sans aucun doute les plus rapides proposées par Scarve jusqu'à aujourd'hui. "A few scraps of memories" démarre par une partie atmosphérique accompagnée d'une voix parlée avant d'évoluer crescendo dans une ambiance haineuse, lourde et inquiétante. Ce titre, inhabituel pour Scarve, est un des grands moments de l'album où le groupe a laissé son inspiration s'exprimer sans retenue. Le disque se conclut par le plus simple et bien nommé "Rebirth" sur lequel Lawrence dévoile tous ses talents de vocaliste.

Je vous faisais part de mon inquiétude vis à vis de la suite de la carrière du groupe en débutant cette chronique... après avoir écouté et assimilé cet album, mes interrogations se sont effacées d'elles-même.
La sortie de "The undercurrent" marque un nouveau départ dans la carrière de Scarve qui passe de la lumière à l'ombre, avec un tel album à défendre, Scarve ne peut que gravir des échelons supplémentaires...

Scarve Lives !




Rédigé par : VsGreg | 18/20 | Nb de lectures : 17148