SCARAB - Serpents Of The Nile (ViciSolum) - 23/03/2015 @ 07h47
Le livre « Le Metal dans les pays musulmans » sorti l’an dernier a détaillé précisément les différentes scènes et groupes de nombreux pays du Maghreb, du Proche et Moyen-orient. Parmi eux se trouve l’Egypte qui a eu droit à un long passage instructif qui montrait une scène locale très motivée et en effervescence, parmi elle se trouve les death-metalleux de SCARAB.
L’histoire du combo n’a pas été simple, car après s’être tout d’abord nommé HATE SUFFOCATION de 2001 à 2006 (et avoir sorti deux démos sous cette appellation) ils ont décidé de changer de patronyme, ce qui aboutira à un premier opus en 2009 qui leur a permis de faire parler d’eux. Cette galette a en effet attiré l’attention par son influence orientale très présente, et par la richesse de ses paroles traitant pêle-mêle de spiritualité, de philosophie et de la période des pharaons, le tout combiné à la technique impressionnante de chacun de ses membres.
Après bien des péripéties, et une arrivée chez ViciSolum, voilà enfin la suite tant attendue qui aura mis du temps à arriver, mais qu’on se rassure si la gestation a été longue et douloureuse le résultat lui n’en est que meilleur. Le désormais sextet (depuis l’intégration d’un claviériste qui a amené un plus indéniable) a légèrement changé son fusil d’épaule en privilégiant désormais une musique plus aérienne et « moins » brutale, car si ce premier album contenait des ambiances arabisantes il misait principalement sur la violence pure.
Cependant il ne faut pas s’y méprendre la formation du Caire n’a quand même pas retourné sa veste, simplement elle propose désormais une musique plus mature et plus personnelle qui ne passera pas inaperçue. Le côté brouillon et bourrin de son prédécesseur a été gommé, il faut dire que le mastering du Hertz Studio a encore fait des miracles (mais le seul reproche qui peut être fait concerne cette batterie trop mise en avant et qui sonne un peu trop électronique, alors que le reste des instruments est bien équilibré) même si ça manque un peu de puissance et de basse par moments. Malgré tout ça reste assez mineur car la qualité des compositions est telle que l’on passe outre, car on sent que les gars ont passé de nombreuses heures à répéter et à poser chaque passage et variation. Les guitaristes sont vraiment précis de technique, le growl (certes assez monotone) est audible et compréhensible, les nappes de synthés distillées avec soin sont superbes et le batteur d’une précision métronomique ne lésine pas sur les roulements et descentes de toms et sur les parties de doubles diaboliques. D’autre part la durée des morceaux s’est rallongée, car hormis l’intro tous oscillent entre 6,20 et 9,20 minutes pour une durée totale de près d’une heure, mais malgré sa longueur cet album n’est absolument pas lassant, et même s’il demande un bon moment pour totalement s’y imprégner l’accroche est quant à elle quasi-immédiate.
Après une intro très aérienne mélangeant les nappes de clavier avec un solo spatial le groupe nous met d’entrée son titre le plus long intitulé « Visions Of A Blood River » qui montre toute l’étendue de leur palette musicale et technique entre passages très lents et écrasants, cassures de rythmes, riffs inspirés et blasts ravageurs. La différence entre les deux disques saute immédiatement à l’oreille de l’auditeur, tant l’écart est gigantesque et si l’on avait remarqué qu’ils avaient un gros potentiel dès ce premier morceau la confirmation est totale.
Cela s’entend encore sur le très planant et technique « The Spells Of Coming Forth By Day » où les blasts se font discrets pour mieux se faire désirer et s'apprécier, comme sur « Serpents Of The Nile » et « Pyramid Of Illusions » où la double est privilégiée pour favoriser la sensation d’écrasement et de variété, aidée en cela par de nombreuses cassures et des riffs monstrueux. La force de ces compositions est qu’elles arrivent à reprendre la puissance du death américain (MORBID ANGEL en tête) tout en y intégrant des multitudes de petites choses piochées à gauche et à droite sans que cela ne tombe comme un cheveu sur la soupe, et en gardant une vraie cohésion en cours de route.
Le spatial « Funeral Pharaoh » en est un très bon exemple (avec sa longue montée progressive, ses accélérations furieuses et ces roulements supersoniques) qui peut certes paraître rébarbatif à la première écoute mais qui se révèle finalement excellent sans que l’on ne voit pas le temps passer. Sur la fin du disque le majoritairement rapide et brutal « The Afterlife Illusions » nous montre (s’il y'en avait encore besoin) que les gars n’ont pas oublié d’être méchants quand il le faut, et enfin « Days Of A Burial Mask » qui clôt les débats est un dernier pot-pourri d’agressivité et d’ambiances locales tant le sentiment d’être devant les pyramides est prenant.
Sans atteindre le côté furieux et supersonique de NILE, SCARAB nous sort un vrai monstre tentaculaire où la construction de chacune de ses compositions est un vrai puzzle, tout cela demandera un gros nombre d’écoutes mais nul doute qu’avec cette sortie les cairotes vont vraiment entrer dans la lumière d’où ils avaient déjà commencé à émerger auparavant.
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L’histoire du combo n’a pas été simple, car après s’être tout d’abord nommé HATE SUFFOCATION de 2001 à 2006 (et avoir sorti deux démos sous cette appellation) ils ont décidé de changer de patronyme, ce qui aboutira à un premier opus en 2009 qui leur a permis de faire parler d’eux. Cette galette a en effet attiré l’attention par son influence orientale très présente, et par la richesse de ses paroles traitant pêle-mêle de spiritualité, de philosophie et de la période des pharaons, le tout combiné à la technique impressionnante de chacun de ses membres.
Après bien des péripéties, et une arrivée chez ViciSolum, voilà enfin la suite tant attendue qui aura mis du temps à arriver, mais qu’on se rassure si la gestation a été longue et douloureuse le résultat lui n’en est que meilleur. Le désormais sextet (depuis l’intégration d’un claviériste qui a amené un plus indéniable) a légèrement changé son fusil d’épaule en privilégiant désormais une musique plus aérienne et « moins » brutale, car si ce premier album contenait des ambiances arabisantes il misait principalement sur la violence pure.
Cependant il ne faut pas s’y méprendre la formation du Caire n’a quand même pas retourné sa veste, simplement elle propose désormais une musique plus mature et plus personnelle qui ne passera pas inaperçue. Le côté brouillon et bourrin de son prédécesseur a été gommé, il faut dire que le mastering du Hertz Studio a encore fait des miracles (mais le seul reproche qui peut être fait concerne cette batterie trop mise en avant et qui sonne un peu trop électronique, alors que le reste des instruments est bien équilibré) même si ça manque un peu de puissance et de basse par moments. Malgré tout ça reste assez mineur car la qualité des compositions est telle que l’on passe outre, car on sent que les gars ont passé de nombreuses heures à répéter et à poser chaque passage et variation. Les guitaristes sont vraiment précis de technique, le growl (certes assez monotone) est audible et compréhensible, les nappes de synthés distillées avec soin sont superbes et le batteur d’une précision métronomique ne lésine pas sur les roulements et descentes de toms et sur les parties de doubles diaboliques. D’autre part la durée des morceaux s’est rallongée, car hormis l’intro tous oscillent entre 6,20 et 9,20 minutes pour une durée totale de près d’une heure, mais malgré sa longueur cet album n’est absolument pas lassant, et même s’il demande un bon moment pour totalement s’y imprégner l’accroche est quant à elle quasi-immédiate.
Après une intro très aérienne mélangeant les nappes de clavier avec un solo spatial le groupe nous met d’entrée son titre le plus long intitulé « Visions Of A Blood River » qui montre toute l’étendue de leur palette musicale et technique entre passages très lents et écrasants, cassures de rythmes, riffs inspirés et blasts ravageurs. La différence entre les deux disques saute immédiatement à l’oreille de l’auditeur, tant l’écart est gigantesque et si l’on avait remarqué qu’ils avaient un gros potentiel dès ce premier morceau la confirmation est totale.
Cela s’entend encore sur le très planant et technique « The Spells Of Coming Forth By Day » où les blasts se font discrets pour mieux se faire désirer et s'apprécier, comme sur « Serpents Of The Nile » et « Pyramid Of Illusions » où la double est privilégiée pour favoriser la sensation d’écrasement et de variété, aidée en cela par de nombreuses cassures et des riffs monstrueux. La force de ces compositions est qu’elles arrivent à reprendre la puissance du death américain (MORBID ANGEL en tête) tout en y intégrant des multitudes de petites choses piochées à gauche et à droite sans que cela ne tombe comme un cheveu sur la soupe, et en gardant une vraie cohésion en cours de route.
Le spatial « Funeral Pharaoh » en est un très bon exemple (avec sa longue montée progressive, ses accélérations furieuses et ces roulements supersoniques) qui peut certes paraître rébarbatif à la première écoute mais qui se révèle finalement excellent sans que l’on ne voit pas le temps passer. Sur la fin du disque le majoritairement rapide et brutal « The Afterlife Illusions » nous montre (s’il y'en avait encore besoin) que les gars n’ont pas oublié d’être méchants quand il le faut, et enfin « Days Of A Burial Mask » qui clôt les débats est un dernier pot-pourri d’agressivité et d’ambiances locales tant le sentiment d’être devant les pyramides est prenant.
Sans atteindre le côté furieux et supersonique de NILE, SCARAB nous sort un vrai monstre tentaculaire où la construction de chacune de ses compositions est un vrai puzzle, tout cela demandera un gros nombre d’écoutes mais nul doute qu’avec cette sortie les cairotes vont vraiment entrer dans la lumière d’où ils avaient déjà commencé à émerger auparavant.
Rédigé par : GabinEastwood | 16/20 | Nb de lectures : 10121