NILE. Voilà, comme ça, au moins, c’est dit.
Car, oui, pas facile d’opter pour une thématique à connotation égyptienne, à la fois en raison de la complexité et de l’étendue du thème, mais également en raison de la comparaison inévitable avec les talentueux Américains...
Et pourtant, même si la comparaison n’est pas fortuite, Scarab évolue dans une frange sensiblement différente de la bande à Karl, et a surtout de sérieux arguments à faire valoir.

Adepte d’un Death Metal porté avant tout sur la lourdeur, le quintet manifeste une envie et une sincérité réellement communicatives. Et après un EP paru en 2007 (dont on retrouve ici 2 des 3 titres), Scarab a donc sorti son 1er album... à l’été 2009. Mais n’a finalement obtenu un deal avec Osmose que fin 2009. Oui, nous avons tout de même quelques mois de retard. Mais mieux vaut tard que jamais, qui plus est quand la qualité et le potentiels sont présents.

Car, loin de se contenter d’une influence textuelle, Scarab se différencie de Nile par une véritable prédisposition pour les ambiances égyptiennes. Scarab ne fait pas semblant, Scarab ne se contente pas d’une petite intro arabisante. Non, en plus d’être d’origine égyptienne, le groupe a cette réelle capacité à vous plonger durant 45 minutes dans une torpeur hypnotique, ténébreuse, orientale et terriblement accrocheuse. Ces atmosphères résultent aussi bien de quelques intros/passages arabisants, que des riffs en tant que tels, qui évoquent irrésistiblement l’imagerie égyptienne et antique.
Et, en dépit de tempos pas assez variés à mon goût, il faut bien reconnaître que les Egyptiens ont un talent certain pour accaparer et acculer l’auditeur au fin fond de leur univers sombre.

Musicalement, cela se traduit par des morceaux structurés et travaillés, et dont le socle rythmique est majoritairement "Mid-Tempo", mais non dénué d’accroche. Et les quelques accélérations disséminés sur les 10 titres suffisent alors pour déclencher des headbangues frénétiques et justifiés.
Si les rythmes sont assez variés, même au sein d’un morceau, je trouve que cela manque tout de même de purs passages violents. Car Scarab n’utilise que très peu les blast-beats, privilégiant les accélérations lourdes et ambiancées. Et si effectivement cela demeure parfaitement cohérent avec le choix musical du groupe, et participe à instaurer une atmosphère bien particulière, je trouve que de plus fréquentes accélérations auraient participé à rehausser la capacité d’accroche des morceaux.
Les beuglements assénés par Sammy sont totalement adaptés au style ambiancé du groupe, via des cris graves, caverneux, et d’une puissance appréciable. Le gaillard a du coffre, et ne se réfugie pas derrières des effets de micro ou des growls aspirés. Ses hurlements s’agencent parfaitement bien avec les compos, participant à instaurer cette ambiance opaque et orientale.

Évoquant sporadiquement MORBID ANGEL, AVULSED, VADER, voire BEHEMOTH et NILE, les Egyptiens réussissent remarquablement bien à se démarquer de ces influences, non pas de par une originalité, mais plutôt grâce une cohésion et une harmonie musicale qui éclipsent la sensation de patchwork musical. Plus qu’un assemblage d’influences et d’idées, 'Blinding The Masses' est un album compact et massif qui possède sa propre personnalité.
Les titres sont tous bien agencés et dotés d’une accroche indéniable, mêlant habilement riffs mélodiques et arpèges acérés, tempos lourds et guerriers, et beuglements graves mais audibles.

Là où les Américains de Nile ont opté pour une brutalité implacable, les Egyptiens de Scarab ont privilégié une création musicale faisant honneur à l’instauration d’une ambiance et d’une lourdeur musicale captivante.
Sans prétention, mais tellement réussi, 'Blinding The Masses' est un album résolument intéressant, hypnotisant et accrocheur. Un groupe à suivre, et qui pourrait réellement concurrencer ses aînés, pour peu qu’il persévère et gagne en maturité.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 14,5/20 | Nb de lectures : 12816