Avec ma précédente chronique de Sauron, j'avais déclenché une irrépressible vague de commentaires et des discussions passionnées sur ce groupe batave fort intéressant... Bon, je ne vais pas me laisser décourager par votre manque d'enthousiasme, bande de petits scorpions ! Donc, je remets le couvert avec le vilain du Seigneur des Anneaux version néerlandaise et son troisième album intitulé "The Channeling Void".

Pour être honnête, ça fait un petit moment que j'ai placé ce CD dans ma pile de chroniquables. Ca fait un moment qu'il tourne et que je peine à rédiger un avis définitif. La raison de cette hésitation ? Tout simplement, Sauron a pas mal changé depuis "For a Dead Race". J'y avais apprécié un black direct et rentre-dedans. Pour le coup, la recette est toujours la même. Du black malsain, rapide et comportant son lot de plombages réglementaires dans la pure tradition misanthropique. Les enchaînements sont bien foutus et les morceaux une invitation au headbanging à cheveux gras. Si vous aimez ce que je vais citer plus bas, vous pouvez vous pencher sur l'objet de cette chronique.

Mais j'avais surtout accroché à l'ambiance sonore assez particulière dans "For a Dead Race" : un son étouffé assez death portant une voix hurlée à la John Tardy. La surprise de la découverte passée, cet album a finalement pas mal tourné dans ma chaumière. Sauron était, à mon sens, sur une voie d'expérimentations intéressante et semblait en passe de forger son identité sonore personnelle. Un truc mauvais et assez déjanté surplombé par des hurlements glauques.

Et puis, "The Channeling Void" remet des éléments en cause, en rapprochant fortement Sauron de la scène suédoise fidèle au Necromorbus. Le black est toujours direct et agressif, mais c'est le son qui a subi un violent lifting. Un rapide parcours du livret éclaire ma lanterne "Mastered by Sverker Widgren at Necromorbus Studio, Stockholm, Sweden". Ah ben voilà, ne cherchons pas plus loin la raison de cette proximité sonore. Et c'est là que le bât blesse...

Perdant sa particularité sonore, Sauron se retrouve en fort ballottage face aux autres groupes estampillés Necromorbus. Et au bilan, si l'album est efficace et ne ménage pas ses passages plombés pour rendre le côté malsain bien palpable, il reste en deçà de Heresi, du premier Ondskapt, de Funeral Mist, des premiers Watain et même du dernier Merrimack. Sauron rentre en choc frontal avec du très lourd. Et du coup, "The Channeling Void" est un bon album, mais pas très bon comparativement. Si vous êtes amateurs de suédoiseries nouvelle vague, laissez-vous toutefois tenter. C'est du solide, sans entrer dans la première division.


Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 10171