C’est dur à dire et à entendre, mais l’Angleterre n’a jamais été reconnue pour la qualité de son Black-Metal. La perfide Albion est même la cible de moqueries dès qu’un nouveau groupe estampillé BM pointe le bout de son nez. Et malheureusement, ce n’est pas SATURNIAN qui faire stopper la vieille rengaine. Déjà, Indie Recordings ose en signant ce groupe anglais existant depuis 2010 (qui se nommait auparavant TRACES et avait sorti un EP chez Siege Of Amida Records en 2009), alors que leur roster est à quasi 100% norvégien, hormis des exceptions plutôt notables (MENCEA, CULT OF LUNA et même HACRIDE pour leur prochain album). Ensuite, SATURNIAN ne va pas être la révélation de l’année, loin s’en faut. Surtout que le groupe s’inscrit dans une veine symphonique, et dans le domaine je pense plutôt que la révélation 2012 est KRÅKE, groupe norvégien… également signé chez Indie !

Bref, inutile de tourner autour du pot, pour son premier album Dimensions SATURNIAN fait du BM sympho en carton prémâché, particulièrement usé. Il n’y a ici pas une once d’originalité, si ce n’est quelques synthés aux sonorités « cosmiques » ici et là, et un certain goût pour les solos. CRADLE OF FILTH, DIMMU BORGIR et CARACH ANGREN viennent immédiatement à l’esprit et ce dès les premières minutes d’écoute de Dimensions. Surtout que ces anglais ont repris à leur compte le défaut majeur des deux derniers CARACH ANGREN, à savoir une prod manquant de mordant (pourtant prise en charge par Russ Russell) qui n’est pas à la hauteur pour ce genre de Black sympho. L’aspect symphonique/orchestral est encore une fois mis en avant, mais il sonne assez daté et seuls les chœurs lyriques, avec des voix masculines et féminines, tirent leur épingle du jeu. Du reste, on sait à quoi s’attendre : voix Black très convenue, passages plus narrés avec une voix trafiquée à la Shagrath, riffs thrashy accrocheurs à quelques occasions mais sans grand panache (et sans puissance), batterie au son synthétique au possible (heureusement en retrait dans le mix), et surtout absence quasi-totale d’un embryon de personnalité.

D’ailleurs tous les défauts de SATURNIAN sont compilés dès le premier morceau (après l’intro archi attendue) "Into Etherea…", avec notamment des breaks kitsch au possible, morceau tout juste sauvé par des voix claires convaincantes et un bon solo. Il faut pourtant batailler pour trouver des accroches, ou quelque chose qui n’a pas été fait autre part en mieux, dans les 8 morceaux restants (je sauve à la rigueur "Origins of the Future" et "Immaculate Deception" qui sont bien ficelés), pour un Dimensions de presque une heure. Si ce disque était sorti au début des années 2000, il aurait peut-être été auréolé d’une quelconque réussite mais en 2012, ce Black sympho semble avoir allègrement franchi la date de péremption, et des champignons filamenteux commencent à pousser à l’intérieur de l’emballage. Soit le Black sympho n’a plus rien à dire depuis la fin des années 2000, soit ce groupe est tout simplement trop moyen, dans les deux cas Dimensions n’a strictement aucun intérêt. CARACH ANGREN se débrouille bien mieux dans le registre « revival sympho 90’s », et je vous conseille toujours KRÅKE qui en plus d’avoir des compos bien plus solides possède déjà sa propre patte, plus épique et glaciale. Bref, les norvégiens (et les hollandais) ont toujours la cote et les anglais n’ont décidément pas beaucoup de formations de talent pour nous pondre du BM de grande qualité.


Rédigé par : ZeSnake | 11/20 | Nb de lectures : 12147