SATELLITE - Nostalgia (Metal Mind/Season Of Mist) - 17/09/2009 @ 08h50
Une nouvelle fois, Satellite sort un disque parfait. C’est vrai, à l’instar des 3 albums précédents (surtout les 2 premiers), tout est parfait dans ce disque. Absolument tout. C’est dingue non ? Lissé, soigné, hyper bien produit, avec des sonorités « dantesques », des solos de guitare « monstrueux », un chant « ouahou ! » etc.

Et pourtant, j’éprouve une irrépressible envie de le démonter. Comme ça, gratuitement, sans raison. Enfin, sans raison, c’est vite dit. En fait, ce groupe m’agace. Il fait tout trop bien.

Quand j’y réfléchis sérieusement, en mon for intérieur, je me dis ceci : le rock progressif est un genre controversé (doux euphémisme) et où il n’y a pas de demi-mesure, on aime ou on exècre. Et s’il veut un tant soit peu être pris au sérieux, il a des obligations sur lesquelles il ne peut faire l’impasse. La plus immédiate étant qu’il se doit d’adhérer au mouvement perpétuel. C’est une question de survie sous peine de patauger dans le surfait ou la copie.

Or, depuis 3 albums – dont 2 ont fait l’objet de kros sur VS – Satellite, formation polonaise de « néo-néo-néo » progressif, stagne en position géostationnaire au-dessus d’un microcosme béat d’admiration qui continue de s’esbaudir sans aucune espèce de remise en question.

Tout ça me laisse perplexe. En écoutant sa musique, je suis souvent partagé entre l’envie de sauter en l’air comme un cabri en criant « Le prog ! Le prog ! Le prog ! » et le sentiment désagréable d’être pris pour un gogo. Paradoxale et inconfortable sensation qui ne manque pas de jeter le trouble dans ma petite tête. Qu’ai-je donc qui ne tourne pas rond ?

D’autant qu’en parcourant le net, je n’ai trouvé que des critiques élogieuses et des notes ad hoc. Pas une pour assombrir ce tableau idyllique. De 2 choses l’une : soit je ne comprends rien à Satellite, soit je deviens allergique au néo prog. En tout cas à celui-là.

Ceci ne date pas d’aujourd’hui. Dans mes kros de "A Street Between Sunrise & Sunset" (2003) et "Evening Games" (2005), je m’étonnais déjà de l’ambiguïté de la démarche des Polonais. Je le redis, tout ceci était extrêmement bien ficelé, impressionnant même de prime abord. Grosse prod, son énorme, compositions luxuriantes jusqu’à l’étouffement, etc. mais finalement très peu innovante. Malgré tout, j’avouais un sentiment mitigé ; d’abord la surprise puis la méfiance.

Devant l’engouement général et la flopé de compliments, je me suis senti bien seul dans ma camisole. J’ai donc rangé mes interrogations et autres états d’âme au placard sans pour autant renoncer à mes convictions. Depuis il y a eu un 3ème album – "Into The Night" en 2007 – et l’emballement n’a pas faibli, ni ma circonspection.

"Nostalgia", 4ème du nom, ne plaide pas davantage pour un bouleversement du statu quo. Pire encore, le titre en forme d’aveu signe le retour à un néo prog riche mais conventionnel. On retrouve l’opulence évoquée plus haut, des arrangements soignés, de belles envolées de guitares (à la Santana sur "Afraid of What We Say"), quelques rythmes programmés et des claviers majestueux. Mais il y a aussi du vide, du remplissage, du pompeux, du grandiloquent et du cliché en veux-tu en voilà. Quelques phases apparaissent même dénuées d’intérêt ou redondantes ; les mélodies faciles sèment embarras et sourires en coin. Tout cela gâche un peu le plaisir. En fait, Satellite est un habile ravaleur de façade qui ne dit pas son nom. Un artisan consciencieux et efficace mais qui tente de nous faire passer un pavillon cossu et confortable pour un chef-d’œuvre d’architecture révolutionnaire.

Voilà, je me retrouve comme un con, à critiquer un groupe et un album au demeurant très bons l’un et l’autre, de surcroît encensés partout et je ne trouve pas de motifs objectifs susceptibles de me faire changer d’avis.

Il me reste à assumer cet écart de conduite et j’enfonce le clou ; je ne m’y retrouve pas. Dommage pour Satellite qui se veut le rédempteur de la cause néo mais qui à mes oreilles abuse de certains artifices que l’on peut qualifier de malhonnêtes. Alors oui, ils peuvent un temps faire illusion et satisfaire les amateurs de sucreries alambiquées mais ils laissent sur leur faim ceux qui ont soif de réelle audace et de musique ambitieuse. Et je suis de ceux-là. En mettre « plein » les oreilles ne suffit pas et plaire au plus grand nombre pas davantage.


Rédigé par : Karadok | 13/20 | Nb de lectures : 10100




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