Après le vert jade de la pochette d'Aggravation of Mind en 2006, le trio norvégien Sarkom a opté pour plus de sobriété pour son second album, toujours chez Twilight Vertrieb. Sarkom fait partie de ces combos que j'ai du mal à cerner, malgré des écoutes répétées. Le style de la formation est suffisamment personnel pour ne pas pouvoir être rattaché sottement à une mouvance et ce Bestial Supremacy propose autant de moments intéressants que de passages qui m'emmerdent. Le souci, c'est qu'à ce stade de la chronique vous n'êtes guère plus avancés qu'au début de la lecture.

On peut noter que les titres sont plus courts cette fois (autour des cinq minutes) là où ils avaient tendance à s'étaler à huit minutes il y a deux ans. Je sais, ça n'aide pas. Une production agressive comme sur le premier album aurait pu servir de fil conducteur. Mais les Norvégiens malins ont cette fois choisi un son plus lourd et dense qui ne les fait pas particulièrement ressortir du tronc commun. Pourtant, les deux enregistrements ont été réalisés au I.Y.F. Studios par Martin Storm-Olsen (Trollfest, avec John Espen de Pantheon I et... Sarkom). Bon, on va se démerder autrement.

Rapprocher le groupe de Pantheon I, dont deux des trois membres sont issus, ne me semble pas une bonne idée. Sarkom propose des titres très différents entre eux, allant des morceaux mid-tempos à des blasts assassins. Si le groupe ne met pas l'accent sur des changements de rythme brutaux et préfère appuyer son propos en faisant évoluer lentement ses thèmes, les contre-exemples sont également présents ("Symbolic Revulsion" dont le début alterne entre viol et martelage). On peut éventuellement noter une propension à rester dans des structures couplet/refrain/pont assez classique. Mais, selon l'humeur et les goûts de l'auditeur, la curiosité peut varier du tout au tout au fil des morceaux.

"Bestial Supremacy" envoie la purée et m'évoque avec joie la frénésie d'un Black Dawn (la voix de gobelin d'Unsgaard y est sûrement pour quelque chose). Des morceaux plus pantouflards comme "I Call your Name" ou "Parallel to a Wall of Fire" m'ennuient. "Infected", rapide mais moins tonique que "Bestial Supremacy", évoque le black plus suédois, avec son lead qui se déroule tout le long du couplet. Tout comme "Finalizing Sovereignty" qui termine la galette. Le grondement de "Revival of Torment" me fait penser aux derniers efforts de Satyricon. Quelques autres passages peuvent évoquer des atmosphères récentes de Shining, des mélodies groupes finlandais comme Enochian Crescent ou quelques dissonances à la Mayhem. Bref, ça part un peu dans tous les sens. Chaque morceau apporte sa pierre (ou non), mais d'un édifice souvent différent. Et ne vous fiez pas à "Inferior Bleeding" pour juger de la qualité de l'album. Ouvrant mollement l'opus, il aurait été refusé par Lord Belial et Khold réunis, tellement il est répétitif.

Au bilan, si le rendu sonore n'indiquait pas qu'il s'agit du même groupe pendant 43 minutes, Bestial Supremacy pourrait passer pour une compilation d'un label de black, tellement les différences sont parfois fortes entre les atmosphères et les morceaux. S'il est possible de rassembler les titres selon leur degré de bourrinage, Bestial Supremacy pâtit quelque peu de son hétérogénéité (et ça n'a rien de sexuel), alors que les titres ne sont pourtant pas aventureux. Si des moments de bravoure sont bel et bien présents, je reste toujours aussi perplexe et je ne suis pas emballé plus que ça par l'ensemble. C'est pas encore cette fois que je vais devenir Sarkom-phage.


Rédigé par : Prince de Lu | 13/20 | Nb de lectures : 10887