Yann : Après pas mal de déboires avec leur ancien label Century Media et cinq ans d'absences, le groupe Suisse nous revient avec un album très attendu, sur un nouveau label, Regain Records. Tout d'abord, regardons l'artwork de l'album qui n'est pas sans rappeler celui de l'album "Passage" dans la forme. En effet, ici, il s'agit d'une éclipse solaire, l'anneau de lumière autour d'une lune noir. Très joli et très sobre. Je lance mon lecteur, arrivent les premières notes de l'intro du très entrainant "Moongate" dont le refrain s'ancre bien profondément en mémoire, titre qui n'est pas sans rappeler le "The cross" de l'album précédent, "Eternal". Le premier détail qui saute à nos oreilles est l'apport des mélodies orientales avec par exemple l'utilisation de cythares, mélodies et instruments que nous retrouverons dans beaucoup d'autres morceaux de l'album comme "High above" et "Heliopolis", qui sont agrémentés de chants orientaux du plus bel effet. Que les fans du groupe se rassurent, le coté martial et froid du groupe est toujours le principal ingrédient dans cet album, c'est quand même la marque de fabrique de Samael depuis l'album "Passage", mais l'ajout des thèmes orientaux apporte un contraste, une bouffée d'air frais très surprenante pour le groupe.

Ocean? : Effectivement l’artwork se rapproche des deux précédents efforts du groupe. Et effectivement la première chose qui frappe l’oreille est l’apport d’un orientalisme certain, dans les arrangements principalement. Du coup les morceaux qui utilisent ces arrangements sonnent moins martiaux, plus groovy. La froideur de « Passage » ou « Eternal » s’estompe vraiment sur cet opus, tout en conservant la touche Samael. Un gros travail d’arrangements a été fait sur cet album, mais de façon ponctuelles. En effet certains titres sont ultra travaillés (« Moongate », Reign of Light ») et d’autres quasiment dénués de tout superflu, sonnant du coup presque comme des bases de travail.

Yann : On notera diverses similitudes avec The Kovenant (comme sur les titres "Inch' Allah" et "Reign of light") ainsi qu'un chant rappelant celui de Rammstein par moment, mais dans l'ensemble, l'unité de ce que l'on attend d'un album de Samael est bien présent. La production de l'album est propre, on entend tout les instruments clairement, même la basse qui est toujours aussi ronronnante, la boite à rythme est toujours aussi bien programmée avec les petits roulements si caractéristiques, les parties de synthé sont légèrement moins mis en avant mais Xy se permet des sonorités jusqu'ici inutilisées par le groupe comme sur l'intro magnifiquement mélancolique de l'excellent "On earth" et sur le sublime "Door of celestial peace". Les guitares sont beaucoup plus présentes que sur l'album "Eternal", certains riffs ne sont pas sans rappeler les titres phares de l'album "Passage", comme dans le titre "As the sun", par exemple. Le chant de Vorph, agrémenté d'effets, est toujours aussi puissant, alternant passages clairs et envoûtants avec les passages plus enragés si particuliers du Monsieur.

Ocean? : La production me semble quant à moi trop lisse, notamment au niveau des guitares qui n’ont pas l’impact nécessaire pour faire varier l’intensité entre les passages softs et ceux plus pêchus. J’y vois là aussi l’un des effets néfastes de la boite à rythme : pas de variation d’intensité, donc tout se joue sur les guitares et autres synthés. Or c’est trop aseptisé sur cette production. Pour l’utilisations des claviers, quelques sons et leurs emplois m’ont fait penser à Summoning ou encore Limbonic Art. Le chant de Vorph demeure toujours aussi puissant mais intègre de nouveaux éléments, il y a même des débuts de chants clairs sur quelques refrains ou des passages quasi rappés à la Clawfinger. L’un des atouts de l’album, d’autant que la diction très claire permet assez facilement à l’auditeur de comprendre les lyrics.

Yann : Il faut préciser aussi que les compos sont en générale plus "groovy" (comme le limite dansant "As the sun") et plus varié que sur les albums précédents. Certains diront que le groupe nous sert ici un album sans surprise ni profondeur, qu'il aura fallut attendre cinq ans pour avoir "ça" alors que cet album mérite beaucoup plus qu'une écoute "à l'arrache", qu'il faut en prendre toute les nuances et qu'il faut juste attendre de voir ce que vont donner les nouvelles compositions sur scène, pendant la tournée qu'ils entâment à partir du 9 Octobre à Belfort. Véritable déception pour certains, continuité de l'évolution du groupe pour d'autres, cet album n'est pas aussi marquant qu'un "Passage" ou qu'un "Eternal" mais il a clairement sa place dans la carrière du groupe et laissons lui le temps de se faire apprécier.

Ocean? : Oui c’est plus groovy, mais aussi moins compact sur la durée. « Reign Of Light » comporte quelques très bons titres, et malheureusement quelques autres plus que dispensables (« Oriental Dawn », « As the Sun »), ce qui dessert l’unité de l’album. On se retrouve au final avec un album honnête, empreint de la touche Samael, mais on était en droit d’attendre plus de ce groupe culte. 5 ans pour un tel album ça me semble long. Les arrangements ne masquent pas les carences de composition sur certains titres, ça ne décolle quasiment jamais (ceci étant aidé par le mix plat de l’album). Une relative déception pour moi. Et pourtant je n’ai jamais donné autant de chances à un album, j’ai cherché la lumière mais ne l’ai que trop rarement trouvée… « Reign Of Light », ou la difficulté d’être un groupe culte.
Yann : 16.5/20
Ocean? : 12/20


Rédigé par : Yann & Ocean? | 14.25/20 | Nb de lectures : 11726