A bien y réfléchir cela fait maintenant plus de dix ans que je me suis désintéressé de la discographie de SAMAEL. j'avais adoré "Passage" (et avant celui-ci, "Ceremony of Opposites", bien sûr), qui demeure encore aujourd'hui un album énorme, j'avais également apprécié "Exodus", le maxi sorti deux ans plus tard. C'est avec "Eternal", le cinquième album que les choses ont, selon moi, commencé à se gâter et que j'ai commencé à ne suivre les sorties du quatuor helvétique que de loin, les jugeant trop mou du genou, pas assez martial, pas assez sombre, bref, pas du tout à mon goût. Tout cela pour vous situer ma position par rapport à SAMAEL et pour vous dire que je n'avais rien lu, ni rien entendu au sujet de cette nouvelle galette, la huitième (neuvième si on compte le double CD d'inédits "Era One & Lessons in Magic 1" sorti en 2006). Je m'attendais donc à la guimauve habituelle que nous sert le groupe depuis maintenant une décennie et je dois bien avouer avoir été plutôt surpris.

Ma curiosité un peu éveillée, je suis allé fouiner sur la toile histoire de voir ce qui se disait sur cet album, surtout de la part des membres du groupe eux-mêmes et je suis tombé sur une déclaration de Vorph où il annonçait cet album comme le chaînon manquant entre "Ceremony of Opposites" et "Passage". Sur le papier voilà des paroles plutôt alléchantes, mais dans les faits et après écoute de ce "Above", il faut bien admettre que Vorph avait dû fumer trop de fromage à raclette le jour où il a prononcé ces paroles car - autant mettre les points sur les i tout de suite - on est vraiment loin du compte avec cet album, qui n'atteint pas la cheville des deux albums entre lesquels il est censé s'ajuster. Aucune chance que "Above" ne devienne un classique du groupe ni même qu'un de ses morceaux devienne un incontournable au même titre qu'un "Jupiterian Vibes" ou qu'un 'Baphomet's Throne".

A l'origine "Above" ne devait pas être le nouvel album de SAMAEL mais un projet parallèle pour permettre à certains membres du groupe de se défouler et de déverser le trop-plein d'énergie dont ils ne pouvaient plus se défaire avec les derniers albums plutôt mollassons du groupe. Ce projet n'a cependant pas vu le jour et histoire de ne pas perdre tout le boulot fait dessus, les titres déjà composés ont été légués à SAMAEL qui ne s'est pas privé pour en faire un album. Cette histoire rajoute encore plus de circonspection autour de cet album, qui s'il n'était pas à l'origine prévu pour un autre groupe sèmerait déjà pas mal le doute surtout au sujet de la démarche et le but final d'un tel album. Avec ce magouillage, ça sent carrément le foutage de gueule en règle.

Plusieurs choses sautent aux oreilles dès les premières minutes de cet album et malheureusement on ne peut pas dire que ça soit des choses très agréables. Outre le retour aux racines black metal qui peut surprendre si on n'est pas prévenu, c'est surtout les tempos qui étonnent. Le groupe qui nous avait habitués depuis bien longtemps à poser ses ambiances, à privilégier la puissance martiale à la vitesse, donne ici dans les blasts. Pourquoi pas me direz-vous, certains titres des autres albums de SAMAEL comportent également des passages rapides. Certes, sauf qu'ici les tempos rapides sont omniprésents et qu'au final, on obtient un album assez monolithique duquel peu de titres se détachent vraiment. A peine relévera-t-on le bon riff de "On the Top of It All" ou encore "Under One Flag" au milieu de tout un tas de titres ininspirés et sentant vraiment le réchauffé. L'autre problème posé par les blasts, c'est leur côté synthétique. SAMAEL nous fait peut-être un grand retour dans la sphère du black metal mais ça n'est pas pour autant qu'ils se sont remis à utiliser une vraie batterie. Non, on a droit à la sempiternelle boîte à rythmes qui si elle ne pose pas de problème sur les albums plus martiaux et surtout plus orientés électronique du groupe s'avère ici plutôt insupportable. Le pire avec cette boîte à rythmes, c'est qu'elle est mixée bien en avant et qu'on ne peut donc pas la louper. Pour couronner le tout, le son de guitare est assez merdique. Je ne sais pas si c'est pour sonner roots qu'il lui ont donné ce son mais au final c'est plus de la bouillie qu'autre chose. La voix est, en revanche, mixée trop en retrait, ce qui est bien dommage car Vorph semble nous avoir sorti un chant black plutôt inspiré mais avec un tel mix, difficile de vraiment s'en rendre compte.

Résumons donc, un album linéaire, ininspiré, une production moisie, un SAMAEL en roue libre qui essaye de se renouveler, de rallier les anciens fans à sa cause mais qui au final s'enfonce un peu plus et agrémente une fois de plus sa discographie d'un nid à poussière.


Rédigé par : Sheb | 08/20 | Nb de lectures : 14843