SAGA est un vieux routier de la scène progressive même s’il est arrivé en pleine explosion de la vague punk (1977), synonyme de déclin pour les grandes formations affiliées à cette scène. C’est sans doute ce qui explique l’accueil discret qui lui a été réservé. L’autre raison –la vraie ?- de ce désintérêt réside dans le style proposé par les canadiens. Souvent comparé à ASIA, son style rock pop prog passe-partout n’est pas du genre à soulever l’enthousiasme. Malgré une bonne vingtaine d’albums au compteur, les occasions de grimper au rideau sont rares. C’est mon avis et je le partage. Faites-en ce que vous voulez. J’ai revêtu mon tee-shirt spécial jets de tomates. Mais, le groupe existe toujours, possède un fan club farouche et accumule les tournées triomphales. Donc, j’ai certainement loupé quelque chose d’important. Non ? C’est ce qu’est sensé me rappeler ce double live intitulé The Chapters. Pour ceux qui l’ignorent, cette manie de donner ce nom à des titres disséminés par ci par là, remonte au tout début de la carrière du groupe. Une volonté d’installer une continuité, une fidélisation au travers d’une « saga-concept» dont chaque titre serait un épisode ? Va savoir ! Donc, voici 16 chapitres live sur 2 CD pour une opération séduction qui, me concernant, n’est pas gagnée d’avance. Le premier CD couvre la période 78/81 et reprend les titres « chapters » des albums Saga (1978), Images At Twilight (1979), Silent Night (1980) et World Apart (1981). Le disque s’ouvre sur le mélodique Images, piano et claviers divers, le chant particulier de Michael Sadler et le solo final très efficace de Ian Chrichton. C’est un bon début. Le Don’t Be Late qui suit est repris en cœur par toute l’assistance et c’est ma foi un titre assez accrocheur. Je n’en dirais pas autant de It’s Time. C’est du ASIA copié/collé tout comme Will It Be You. A moins que ce ne soit ASIA qui ait pompé SAGA vu que ce dernier lui est historiquement antérieur. Très peu pour moi. Si Tired World offre des développements intéressants, avec notamment une gratte rageuse et des claviers omniprésents, le reste, c’est à dire No Regents et Too Much Too Lose, s’englue dans le facile et le convenu. Mais le public continue d’hurler sa joie comme un seul homme. Donc, je me fais tout petit et j’écoute la suite avec sérieux et résignation. Toujours décliné sur le mode Chapters, le second disque se concentre sur la dernière décennie allant de Full Circle (1999), en passant par House Of Cards (2001) pour finir sur Marathon (2003). Une période que les SAGAistes ou SAGAsiens avertis n’apprécient que modérément. Et moi itou. Ça promet ! J’avoue que Full Circle que je connais bien ne peut que confirmer cette impression. Le son s’est durci, certes, mais pour devenir un hard poussif, répétitif, sans aucun relief ni imagination ! Et la version live de tous ces titres n’y change rien. Je ne sais plus que penser ou dire. Ce groupe est une référence ? Pour qui, pourquoi ? Désolé, je ne comprends pas. Du rock prog de série B ou de l’AOR/hard paramétré F.M, voilà l’impression que me laisse « l’œuvre » de SAGA. J’en resterai donc sur les 2 ou 3 titres du CD1 évoqués plus haut. Plutôt maigre comme bilan. Et il n’encombrera pas longtemps ma platine, c’est une certitude. Finalement, je suis rassuré. Oui, rassuré car je m’aperçois que je n’ai rien manqué en « oubliant » ce groupe à ses débuts. Fans et autres mordus, régalez-vous et insultez-moi à loisir! Je n’en ferai pas une montagne car, décidément, maintenant j’en suis persuadé, SAGA, c’est pas pour moi !


Rédigé par : Karadok | Live/ | Nb de lectures : 12335