Mais que se passe-t-il en ce début d'année? 2007 est-il un chiffre mystique porteur d'inspiration? La World Company a-t-elle mis des stéroïdes dans le camembert ? En tout cas, pas mal de très bonnes galettes se bousculent l'accès à nos platines. Et les Français ne sont pas en reste. Après l'excellent opus de Vehementer Nos, la bonne surprise de Mourning Dawn et le retour en trombe de Crystalium, voici que Sael refait parler la poudre, et de belle manière!

Sael est un projet charentais mené par Raphael, compositeur et guitariste du désert sablonneux. Fondé en 2002 à Munich avec l'aide deux membres de Odem Arcarum, Sael sort une démo intitulée "Moonlit Mutilation" en 2003. Le black est raw et guerrier. Puis Raphael rentre en France et fait renaître Sael avec l'aide de ses proches, dont Thomas et Vincent, tous deux membres d'Asmodée. Un split avec les Finlandais Azaghal s'ensuit en 2004, le black est violent et rapide. Et les difficultés vont alors s'enchaîner pour le groupe qui va perdre sa possibilité de deal pour son premier album et s'enliser pendant l'enregistrement. Peut-être que ces difficultés furent salutaires, car Sael a mûri. Des premiers temps débridés et old school, il ne reste que quelques lignes d'une biographie. Le black de Sael va bien au-delà désormais...

Et si je parlais de Vehementer Nos au début de cette chronique, ce n'est pas par hasard ; Sael pratique également une musique à tiroirs, un black progressif en perpétuelle évolution où les thèmes s'entrecroisent et où les mélodies sont bouleversées à la lueur d'un riff. Sael est par contre moins fou et ne digresse pas trop de son black, restant droit dans ses bottes. Les Charentais s'appuient sur les instruments habituels du genre et préfèrent varier grandement leurs parties : d'une très calme introduction acoustique à la rythmique barbare blastée avec fougue. Le panel de riffs couvert par le sextet est large et les quatre compositions sont construites avec intelligence pendant une demi-heure.

L'interprétation est impeccable, la technicité et la vitesse étant enveloppées dans une production légèrement sourde. Les instruments et surtout les voix ressortent très bien malgré un petit volume qui n'est pas du tout gênant. La basse trouve également une place de choix, maniée avec brio par le guitariste d'Asmodée. J'ai beaucoup accroché aux cris d'écorché vif de Serge, qui mettent en valeur les quelques parties de chants plus variées (voix claire à la viking, hurlement de berserk distordu, vocifération dépressive, la gamme est large).

Si je fais un léger reproche, mais léger, c'est qu'il manque peut-être un peu de fluidité à l'ensemble pour être parfait. Si beaucoup de changements de riffs sont impeccablement placés, certains s'appuient sur des breaks qui, s'ils restent bien amenés, cassent la dynamique dévastatrice qui était lancée. Par exemple, c'est un peu ce que je ressens sur l'instrumental, avant le passage dont la voix parlée rappelle Ruins of Berverast, ou bien sur le break juste avant la dernière rythmique de "Un Cri dans l'Eternité" qui vient effacer la magistrale progression le précédant. Mais c'est vraiment un point de détail, pour chipoter et parce que je suis payé cher pour dire du mal. Car cet "Océan" de fureur est une très bonne sortie qui ne présage que du meilleur pour la suite.

A n'en point douter, nous allons ré-entendre parler du désert, qui nous laisse assoiffés et tirant la langue devant la très belle teneur de son mini. Bravo et vivement un véritable album.


Rédigé par : Prince de Lu | 08,5/10 | Nb de lectures : 13175