Il faut bien le reconnaître, lorsque le métal transalpin s’est niché au paroxysme de son art, il l’a fait quelques fois sous le nom de SADIST, fameux groupe de death progressif qui avait illuminé la dernière décennie du 20ème siècle par quelques albums clés comme « Above the Light » ou encore le prodigieux « Tribe ». L’histoire semblait idyllique jusqu’à la sortie de « Lego » en 2000 ; un album d’inspiration électro, voir même néo métal, tranchant largement avec le reste de la discographie du groupe. Ce disque allait créer une certaine rupture parmi les fans et cette rupture allait même se propager dans les rangs du groupe en les conduisant à un split quelques mois plus tard.

L’histoire aurait pu se terminer là si SADIST n’avait pas décidé de se reformer en 2005 sous une mouture presque identique à celle qui avait enregistré les deux derniers albums à l’exception du batteur et si « Beyond Productions », leur nouveau label, n’avait pas subitement décidé de dépoussiérer « Above the Light » et « Tribe » en leur offrant des rééditions agrémentées de titres bonus .
Ce retour inopiné prend aujourd’hui tout son sens avec la sortie d’un cinquième album doté d’un intitulé sobrement éponyme ; un peu comme si SADIST avait voulu remettre les conteurs à zéro et choisissant un titre donné, d’ordinaire, à des premiers albums ou à des idoles déchues en quête de rédemption. Cette impression se concrétise dès la première écoute puisque SADIST a pris le pari de revenir au métal progressif qui avait jadis, fait son succès, renvoyant dans les cordes d’anciennes ambitions populistes.

Avec cette cinquième galette SADIST engendre le petit bijou que chaque fan aurait voulu découvrir en 2000 à la place de l’inexplicable « Lego ». « Sadist » réunit toutes les qualités que nous connaissions déjà au groupe ; un sens aigu de la composition, un large éventail d'ambiances diverses, une technicité soutenue et surtout une savante alchimie qui fait, encore une fois, toute la différence entre maîtres et disciples.

« Sadist » est également l’occasion pour nos vétérans de poursuivre leur ouvrage, là où ils l’avaient laissé au milieu des années 90 ; cultivant des sonorités nouvelles avec des passages plus tribaux pour ne pas dire plus exotiques, un certain côté bande originale de film manifeste et des ambitions jazz rock (ou même jazz tout court) plus affirmées que jamais. SADIST nous délivre ici son album le plus technique, le plus coloré, le plus grandiose mais sans doute également le plus abouti.

Certes les miaulements de chat écrasé aux sonorités « Schuldinerienne » de Trévor irriteront peut-être les tympans les plus revêches mais sitôt ce cap franchi, il est fort à parier que les admirateurs des DEATH, CYNIC, CORONER et consorts trouveront dans cet investissement une pièce de choix pour compléter leur collection.

Cependant, ce qui fait la réussite de ce disque fait également sa faiblesse. S’il fallait faire le procès de nos Italiens, il faudrait bien admettre que SADIST minimise toute prise de risque et ne s’aventure pas dans des frasques expérimentales ou ostensiblement commerciales. SADIST nous sert un authentique album de SADIST en nous proposant ce que nous rêvions de retrouver. Certains seront peut-être déçus et trouveront trop sages, trop lisses, les retrouvailles avec un groupe jadis limogé par ceux-là même qui l’avaient placé sur un piédestal.

Il sera sans doute difficile de faire taire l’éternel refrain du « c’était mieux avant » et pourtant… à l’heure où ATHEIST s’apprête à tirer un trait définitif sur sa résurrection provisoire, il serait malhonnête de faire la fine bouche devant une pièce de maître comme celle-ci, une de plus dans le cursus de SADIST.




Rédigé par : Tonton | 17/20 | Nb de lectures : 12402