« Here I Am, tsiiin tsiiiiiiin… Thrash you like a hurricane... »
Ouais les ptits gars, on va causer de thrash maintenant. Mais pas de thrash bodybuildé et surproduit qui ne tient debout que grâce aux prouesses techniques rendues possibles par le matériel moderne. On va parler du thrash comme il s’est pratiqué dans le temps, quand Kerry King avait des cheveux, James Hetfield des pustules plein la tronche et que Chuck Schuldiner s’apprêtait sans le savoir à entrer dans la légende.

C’était le temps du Speed Metal, du Thrash, les prémices du Death Metaul, le temps où toutes les formations devenues cultes maintenant ont sorti des albums qui sont entrés dans l’Histoire. La section Remember de VS vous permettra d’en (re)découvrir quelques-uns, et SACRIFICE vous replongera directement au cœur du meilleur de cette époque avec son premier disque depuis le hiatus qui a suivi « Apocalypse Inside » en 1993, « The Ones I Condemn ».

Avec en intro un court instrumental dont le solo qui reprend la mélodie du « Evil Dead » de DEATH n’est que le premier d’une série de riffs, rythmiques et grognements hargneux qui évoqueront Tom Angelripper, SLAYER (« The Devil’s martyr ») et plus généralement la scène thrash du milieu des années 80, on ne peut reprocher au groupe de ne pas y aller franchement. En gros, SACRIFICE tabasse et reprend les choses là où il les avait laissées en 1991, ayant cédé deux ans plus tard à la mode du moment qui voyait tous les groupes de thrash (ou presque) faire l’amour à leurs cordes de guitares au lieu de les tronçonner comme il se doit. C’est donc un thrash vintage jusque dans le son que nous proposent les Canadiens, un thrash qui ne fait pas de quartiers (ou alors de bidoche), qui balance également quelques solos bien sentis et ralentit les tempos quand les médiators commencent à fondre. Dire que cet album est exceptionnel en tous points serait peut-être exagéré puisqu’à certains moments, comme sur les lourds « Tetragrammaton » et « Desolation Alive », le groupe montre ses limites et ne parvient pas à conserver la même intensité que sur les titres rapides qui pourtant, eux aussi, contiennent des parties lentes. Ce bémol ne doit cependant pas occulter les excellents morceaux qu’on trouve sur l’album, comme « The Great Wall » justement, qui alterne passages mélodiques et rapides avec la même rage qu’un SLAYER ou qu’un SEPULTURA, ou « Hiroshima » qui fait copuler gros thrash et punk.

« The Ones I Condemn » est un instantané d’une époque réalisé par des musiciens qui l’ont connue, l’ont vécue, une époque qui ne leur a pas apporté la gloire contrairement à d’autres formations qui aujourd’hui encore vivent de cette gloire acquise alors. Il est également un pur album de Thrash Metal réalisé par et pour des passionnés de ce style, qui quelques soient leurs histoires personnelles ou l’évolution de leurs goût musicaux, auront toujours l’œil qui pétille et la stoukette qui frétille à l’écoute de ces rythmiques frénétiques et de ces solos démonstratifs. Enfin, il est avant tout un BON album de thrash, qui sera certainement particulièrement apprécié par les nostalgiques de cette époque, mais qui mérite une reconnaissance bien plus large.


Rédigé par : Dungorpat | THRAAAAAAASH !!!/ | Nb de lectures : 12667