Duo de l'Est de la France, Sacrarium a placé l'année dernière sur les étals un premier album au titre pas très engageant pour le flower power. Le groupe est formé autour de VRS (tout sauf les textes) et AmK (les textes sauf le reste). Pour l'occasion, un certain DAV a composé les lignes de basse... mais ne les a apparemment pas jouées, cédant sa place à Aurélien (brrr, ce pseudo démoniaque). Signalons que la formation a à son actif deux démos, Land of Forgotten Souls (2004) et Lost by your Belief (2006). Mais le duo a depuis évacué les églises et les épées de son répertoire pour se laisser guider par sa colère.

D'entrée de jeu, Sacrarium semble grandement apprécier l'école suédoise, celle où le black tambourine pour soutenir d'intrépides tremolos. Dans un élan proche de Marduk ou Setherial, les Français proposent une bastonnade en règle où surnagent de longs leads mélodiques. Les emprunts fréquents au black martial d'Ad Hominem sont également nombreux. La recette s'avère efficace, à défaut d'être franchement originale. Mais les leads lancés à fond de train ont aussi une tendance à être répétitifs sur la longueur. Cet effet lénifiant est aussi dû à un choix de mixage qui les place au premier plan, écrasant le reste de l'instrumentation.

Pour ce qui parvient à se dégager des tremolos, Sacrarium ne montre pas sincèrement les plus belles dispositions rythmiques. Hormis la partie mid tempo du titre d'ouverture (qui ressemble franchement à du Ad Hominem), les passages d'accords plus aérés ne s'extirpent que rarement du plan-plan avec une grosse impression de déjà-entendu. A cela s'ajoute une plage finale ambient sans grand intérêt (titre repris du split Division Tchernobyl/VRS en 2007).

Et tout cela n'est pas beaucoup aidé par une production-maison qui tire l'ensemble vers le bas. Hormis la voix au centre, il reste la guitare lead déjà mentionnée dont les tremolos sont latéralisés à droite et, en gros, tout le reste entassé dans les fréquences basses. La grosse caisse, la basse (qui, comme par magie, ressort surtout quand elle joue dans les mediums) et la guitare rythmique forment un gloubiboulga sonore assez confus, qui ne survit pas aux doubles croches des leads.

J'ai l'impression que Sacrarium a recherché à la fois un son puissant et un peu cradingue, en utilisant les moyens à sa disposition. De prime abord, ce choix de production peut donner l'impression de latter sa mère. Mais à l'écoute, on ne se raccroche finalement qu'à la voix et aux leads, ce qui est assez frustrant pour le reste du travail accompli. Vu le bazar, Andrew Guillotin du Hybreed Studio (Glorior Belli, Bran Barr) a probablement pas mal transpiré lors du mixage de l'album.

Au bilan, je ne suis pas convaincu par Sacrarium. Si le duo a des envies d'attaque frontale et des références brutales dont il s'inspire gaillardement, l'assaut manque encore trop de préparation derrière les leads pour provoquer l'excitation. Handicapé par sa présentation sonore, je crains que ce premier album ne survive pas dans le lecteur face à la concurrence. Mais la hargne est là et l'avenir promet d'être bien plus sombre.


Rédigé par : Prince de Lu | 11/20 | Nb de lectures : 11790