La carrière de SABATON aurait pu s’arrêter net il y a trois ans quand leur premier album resta bloqué dans les caves de leur label de l’époque, mais les suédois refusèrent de se laisser abattre et se remirent à l’écriture, autofinançant l’enregistrement d’un nouveau disque qui allait déboucher sur un contrat avec Black Lodge. La machine semble maintenant bien lancée, et « Attero Dominatus » arrive dans nos bacs avec toute l’assurance d’un groupe en plein essor qui sait exactement où il va et compte bien rattraper le temps perdu.

Heavy et orchestral, SABATON allie la force de frappe de l’école allemande (GRAVE DIGGER, RUNNING WILD) au savoir-faire suédois en matière d’orchestrations (THERION) et s’en sort plutôt pas mal, même s’il faut un léger temps d’adaptation pour se faire à cet alliage de heavy rugueux et de délicatesse symphonique. L’opposition de styles se manifeste particulièrement au niveau du chant de bûcheron (ils sont fans de GRAVE DIGGER, ça laisse des traces), dont le choix n’est pas forcément évident de prime abord pour un album de ce type, mais les premières réticences s’évanouissent relativement vite et laissent place à une sorte de satisfaction virile. Parce que si SABATON utilise beaucoup d’éléments sympho (chœurs sur les refrains, nappes de synthés sur les rythmiques), c’est toujours dans une démarche épique, jamais sirupeuse… On ne parle pas ici de cueillir des pâquerettes étincelantes dans leur écrin de rosée matinale, mais de paysages dévastés par la guerre, thème privilégié du groupe !

Plus à l’aise dans les tempos lents ou moyens, les suédois donnent toute la mesure de leur talent sur les morceaux les plus longs, comme « Rise Of Evil » dont le riff lourd et la basse martiale à la « The Zoo » (SCORPIONS) imposent un rythme immuable suggérant l’avancée d’une troupe armée en terrain ennemi. Ils sont capables toutefois de se fendre d’un tube à la GAMMA RAY dans les règles de l’art (« Metal Crüe ») avec hurlements ultrasoniques et riff qui fait taper du pied, ou d’une speederie en bonne et due forme (« We Burn ») pour atténuer l’effet monolithique produit par le chant. Portez à ce propos une oreille attentive à « Metal Crüe », dont les paroles évoquent quelques noms du Heavy Metal que vous connaissez sûrement (IRON MAIDEN, METAL CHURCH, CRIMSON GLORY, MÖTLEY CRÜE, etc.), un clin d’œil sympa et une méthode déjà employée par MEGADETH pour « Victory » (« Youthanasia »), mais avec ses propres titres de chansons.

Sans grandiloquence et avec semble-t-il une bonne dose d’humour, SABATON tente de se faire une place dans un style surpeuplé, où il est de plus en plus difficile de proposer quelque chose de nouveau et de sortir du lot. « Attero Dominatus » ne leur permettra peut-être pas d’exploser, mais il devrait les rapprocher encore un peu plus du succès et du public hard rock/heavy amateur de riffs à l’ancienne et de refrains gavés de testostérone. Un album à découvrir à défaut d’être incontournable…


Rédigé par : Dungorpat | 13/20 | Nb de lectures : 12542