Premier méfait de cet obscur quatuor, IHVH sort sur le très sérieux Debemur Morti, qui nous a habitués à sortir de très bonnes choses. Avant de vous dévoiler si c’est le cas aujourd’hui, penchons-nous rapidement sur le groupe. Déjà, rien à voir avec les Grecs du même nom, sans les accents. D’ailleurs, j’avais lu à propos de RÊX MÜNDI que les accents étaient faits exprès pour se différencier des Grecs. Dans tous les cas, musicalement, difficile de se tromper, puisque le groupe qui nous intéresse aujourd’hui officie dans le black metal. Niveau provenance et membres, c’est l’obscurité la plus complète. A part des photos du groupe dans les bois en armure et armes contondantes et des pseudos qui ne font référence à aucun autre groupe, très peu d’info circulent sur ce combo. Même l’origine géographique est floue, puisque si Metal Archives en parle comme un groupe français, aucune confirmation ne transpire. Il semble seulement que ce premier effort soit en fait une réédition d’une démo, mais avec les titres légèrement modifiés.

Bref, si le groupe est obscur dans sa forme, dans son fond, c’est on ne peut plus clair. Le quatuor évolue dans un black metal fortement teinté d’occultisme, de kabbale, de religion en général. Prendre les religions pour les détruire et atteindre la vérité ? En tout cas, ça semble être la base du groupe. Peu étonnant d’avoir plusieurs samples de prières, de chants religieux, d’appels à Allah, etc. Chaque religion monothéiste est d’ailleurs citée. Après un sample de cet accabit, puis des paroles déclamées à la manière d’un possédé, le tout pendant quatre minutes, on peut entrer dans le vif du sujet. Le black de RÊX MÜNDI est somme toute assez classique, piochant un peu dans toutes les scènes européennes en fonction des morceaux. On retrouve des titres flirtant avec la scène finlandaise, du old DEATHSPELL OMEGA, du MERRIMACK, voire même du vieux MARDUK sur certains passages vraiment sauvages. L’inconvénient est qu’on a parfois le sentiment d’un déjà-entendu un peu gênant. L’avantage étant d’avoir des morceaux variés, qui ne se répètent pas. RÊX MÜNDI arrive quand même globalement à bien assimiler ses influences pour proposer une musique à sa sauce.

Malgré l’approche religieuse, qui fait forcément penser à toute la scène suédoise d’orthodox BM, le groupe arrive à ne pas tomber dans ce piège ultra-formaté et propose une musique plutôt originale pour l’approche. En général, le groupe joue quand même la carte de la baffe dans la gueule, avec des passages vraiment rentre-dedans, au rythme soutenu et aux riffs acérés. Les passages plus calmes prennent d’autant plus d’impact, car ils permettent à l’auditeur de souffler entre deux assauts. Mais le quatuor est assez malfaisant pour rendre ces passages plus calmes vraiment poisseux et noirs. C’est d’ailleurs un constat, la noirceur de l’art de ce groupe est omniprésente, sur les passages rapides, mais vous l’aurez compris encore plus sur les passages plus mid-tempo. La palme de la noirceur étant atteinte avec le dernier morceau, pièce épique de 11 minutes, démarrant sur les chapeaux de roue, pour sombrer dans un marécage malade.

J’ai mis finalement pas mal de temps à pondre cette chronique. Pas parce que l’album n’est pas bon, au contraire. Mais il est difficile de mettre des mots sur cette œuvre malfaisante et sombre, qui se dévoile au fur et à mesure des écoutes. Et je suis d’ailleurs revenu toujours avec plaisir sur ce disque, preuve que malgré mes difficultés à le traiter, il m’a bien plu. Je vous conseille donc l’écoute de cette œuvre noire et impie, qui sort du lot black metal actuel.




Rédigé par : Skay | 15/20 | Nb de lectures : 24968