Du haut de ses quatorze années de carrière, RWAKE a montré auparavant qu’il pouvait prendre son temps et il nous a fallu ronger notre frein en attendant la suite du précédent long et excellent effort («Voices of Omens » sorti en 2007). La réédition cette année de «Hell Is A Door To The Sun» était quand même bien appréciable (merci Relapse), mais il me tardait de découvrir de nouvelles sonorités issues de ce combo à l’esprit malsain et torturé. Quatre ans, c’est long, mais ça valait la peine d’attendre, croyez-moi. Depuis leurs premiers méfaits, les Américains de RWAKE ont réussi à me charmer, m’hypnotiser et me convaincre de l’efficacité de leur Sludge/Doom/Post-Truc. Ce style qui leur colle à la peau évolue intelligemment avec le temps et ce quatrième album à l’appellation d’origine contrôlée (courte et explicite) est ce que ce sextet a fait de mieux jusqu’ici. Si je devais décrire ces six titres pour presque 53 minutes de son en quelques mots jetés en vrac, je dirais: tuerie, mélodies, lourdeur et décadence, oppressant, envoutant et suffocant, dissonance et harmonies, poésie et blasphème. Il me vient bien à l’esprit plus d’une cinquantaine de mots supplémentaires, mais je vous laisse le choix des termes (les commentaires sont fait pour cela, je crois). Je ne sais plus qui a dit ceci, mais quand l’hystérie rejoint l’art, alors le résultat est sans limites (ou quelque chose comme ça). C’est le cas ici.

Démarrant sur une touche lyrique (le titre de 1 minutes et 27 secondes intitulé «Souls of The Sky» à la guitare acoustique inspirée et au chant féminin ensorceleur) et amorçant l’escalade avec «It Was Beautiful But Now It’s Sour», «Rest» s’avale d’une traite avec un plaisir incommensurable. C’est encore un de ces albums qu’il faut prendre dans son entier. D’autant plus que la production de Sanford Parker ne fait qu’accentuer le côté jouissif de l’écoute. Au riff moteur presque SABBATHien, «It Was Beautiful But Now It’s Sour» démarre sur une touche Sludge/Doom, et le solo de guitare introductif est aussi malsain que les lignes vocales qui suivent. Passé le premier couplet, le rythme vient à s’accélérer, apportant une dynamique radicalement efficace. Breaks techniques (pour le style), ralentissement, reprise de rythme, enchaînements de couplets/refrains… A la manière de NEUROSIS, ces changements d’atmosphères font que ce morceau de presque douze minutes paraît en durer seulement quatre. C’est un des titres forts de cet album, de ceux qui présentent cette formule RWAKE améliorée que l’on prend plaisir à s’imprégner. Plus rentre-dedans - mais tout aussi subtil - «An Invisible Thread» possède une dimension plus aérienne et n’est pas sans rappeler les premiers MASTODON. Ce titre va même jusqu'à lorgner vers une sphère Black-Metal (chant et rythmique). Ce qui est clairement démontré tout au long de cet album, c’est la volonté du combo d’expérimenter. Ce qui permet à RWAKE de faire la différence avec la masse de groupes dans le même genre. L’utilisation d’instruments acoustiques telles que mandoline, et guitare sèche ne remet pas en cause la texture épaisse générée par des claviers analogues ou des guitares saturées aux quelques effets bien gérés. Cette versatilité est attestée par le très long «The Culling» (morceau dépassant les seize minutes) qui vient côtoyer un univers Ambient/Folk, tout du moins pour l’introduction (qui s’étire tout de même sur quasiment six minutes). Se refermant sur l’excellent «Was Only A Dream», ce nouveau chapitre RWAKE nous fait prendre conscience que le groupe ricain fait à présent partie de la cour des grands.

Tout simplement génialissime.


Rédigé par : DeadStar | 16/20 | Nb de lectures : 12952