RUSH - Clockwork Angels (Roadrunner/Warner) - 02/11/2012 @ 08h35
Lors de la tournée Time Machine immortalisée par un double live au printemps dernier, le groupe avait glissé en guise de cadeau aux fans 2 titres tirés du 20e* opus studio à paraître. (Caravan et BU2B Brought Up To Believe). Etant donné le niveau de qualité de ces nouveautés, on a vite imaginé que si tout l’album ou – soyons raisonnables disons les ¾ étaient du même acabit, cela signifiait que Rush avait retrouvé souffle et enthousiasme.

Car osons le dire, les Canadiens à l’instar de leurs compatriotes de Saga nous ont trop souvent habitué à l’effet « montagnes russes » dans leur discographie (surtout à partir des années 80). Une situation qui ne décourage plus qu’elle n’incite à suivre de près le parcours du groupe en question. Mais, après 40 ans de carrière, Rush tout comme Saga dispose d’un capital de sympathie et de confiance significatif (parfois suspect…) de la part de fans prêts à accueillir toute nouvelle offrande sans sourciller.

Clockwork Angels arrive donc à point nommé pour remettre le groupe sur les bons rails et prouver que le power a bien compris la leçon en revenant au rock hard progressif qui a fait ses grandes heures. Les connaisseurs auront d’ailleurs remarqué sur la pochette que « l’horloge angélique » indique 21h12, un clin d’œil sans doute volontaire à l’un de leurs très grands albums paru en 1976. Néanmoins, si ce retour aux sources peut être salué, il n’affiche aucune espèce de révolution profonde dans le style maison fut-il le meilleur. Cela signifie simplement que le groupe est allé chercher dans les vieilles recettes du passé ce qui a bien fonctionné en son temps. Ne faisons pas la fine bouche, c’est ce que beaucoup souhaitaient depuis longtemps.

C’est pourquoi, même loin d’annoncer le chef d’œuvre tant espéré, ce 20e effort devrait recevoir un soutien sans faille avec un bémol toutefois ; si son ambition était de faire mieux que Vapour Trails (ça ce n’est pas très difficile) ou d’atteindre voire de dépasser le niveau de Snake & Arrows, c’est un objectif que les Ontariens ne sont parvenus à réaliser que partiellement. Et pourquoi mon bon monsieur ? Et bien en raison de la présence de titres superflus car dénués d’intérêt et dont l’absence n’aurait pas nui à sa cohésion. (Halo Effect – Seven Cities of Gold).

Plus concis et plus uniforme que son prédécesseur qui contenait quelques instrumentaux mémorables il est également moins éclectique tout en restant dans l’ensemble assez agréable à écouter et même à réécouter. Et particulièrement parce que le timbre de voix de Geddy Lee qui a si souvent servi de repoussoir à certains est ici tout à fait « acceptable ». Il monte moins dans les aigus qu’auparavant et cela rend son audition plaisante.






Paradoxalement, cet album est bien plus progressif que ce que le groupe a produit cette dernière décade. Pas moins de 4 titres dépassent les 7 minutes, ce qui n’était plus arrivé depuis belle lurette. Mais plus que la durée qui n’est qu’un indice abstrait, c’est surtout leur construction qui témoigne d’un réel travail de composition. Et à n’en pas douter, les titres les plus remarquables (BU2B – Caravan – Clockwork Angels – Headlong Flight) trouveront un écho favorable aux oreilles de ceux qui se plaignaient d’une dérive commerciale trop évidente ou d’un laisser aller indigne d’un tel monument du prog.

En tout cas – et c’est déjà très satisfaisant compte tenu de tout ce qui précède - ils illustrent de manière très encourageante un concept album dont le thème retrace la quête initiatique d’un jeune homme qui monte enfin dans l’un des trains qu’il voyait passer chaque jour devant sa ferme et qu’il imaginait traverser des mondes merveilleux. Il quitte donc son univers habituel et part à la découverte de ces pays prometteurs pour très vite se rendre compte qu’ils ne sont pas aussi attrayants que dans ses rêves. Il y fera des expériences pas toutes heureuses et enrichissantes et regrettera très rapidement la banalité de son quotidien.

Chacun y verra la métaphore ou l’allégorie qu’il souhaite mais l’une d’entre elles pourrait être que finalement, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs et qu’il fait bon rester chez soi près des gens que l’on aime. La référence faite au Candide de Voltaire est de ce fait extrêmement implicite dans l’introduction du dernier titre The Garden qui renvoie à celui qui « revient cultiver son jardin ».

Pour conclure, Rush a sorti l’album qu’il fallait quand il le fallait pour maintenir (pour combien de temps encore ?) la flamme de ceux qui continuent de croire qu’il n’a pas dit son dernier mot. Comme quoi intelligence et opportunisme bien dosés peuvent parfois conduire à des miracles. Et bien, pourvu que ça dure !


Rédigé par : Karadok | 15/20 | Nb de lectures : 15036




Auteur
Commentaire
ManOfShadows
Membre enregistré
Posté le: 02/11/2012 à 08h43 - (104450)
J'adore ce disque ! Un chef-d'oeuvre, un pur bijou ! Je ne me lasse pas de l'écouter. Du très très grand Rush, puissant, mélodique, musicalité hors pair, bref la classe made in Rush !!



karadok
Membre enregistré
Posté le: 02/11/2012 à 10h32 - (104451)
il fallait lire : "remettre le groupe sur les bons rails et prouver que le power trio a bien compris la leçon"
désolé pour ce loupé.



tool
IP:92.138.17.44
Invité
Posté le: 05/11/2012 à 19h44 - (104475)
l'album de l'année, sans aucune hésitation!!!


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