Essai transformé ! A peine quelques mois après nous avoir produit une carte de visite magistrale incarnée par un mini quatre titres tout simplement impressionnant, le quintet de Besançon enfonce le clou par le biais d’un premier album savamment balancé. Il faut bien dire que le « Corrosion EP » avait de quoi surprendre son petit monde. Un méticuleux mix d’influences très diverses distillé avec la maturité, l’efficacité et un certain talent de composition, il faut bien l’admettre, il n’en fallait pas plus pour que les labels ne s’intéressent à RUN OF LAVA. C’est donc auréolé d’un contrat tout frais avec Dragonstorm records, un label anglais pas particulièrement spécialisé dans le métôl qu’ « Exploded Allusion » vient confirmer les excellentes impressions laissées par « Corrosion ».

Et c’est sur les accords familiers d’« Expanded Function » que démarre l’offensive. Oui, je dis bien familier car j’ai cru, l’espace de quelques secondes, m’être trompé de disque vu que c’était déjà ce même morceau qui ouvrait le mini. RUN OF LAVA ayant pris la décision de reprendre l’intégralité de « Corrosion » pour son premier album, l’apprivoisement de cette galette en devient plus facile pour mes vieux neurones déjà rompus au style si personnel du groupe.

Malaxant toujours aussi subtilement ses divers inspirations, death, stoner, thrash, hardcore et j’en passe, RUN OF LAVA nous propose ici un disque volubile en décibels variant les plaisirs et tutoyant les genres sans jamais opter pour une affiliation trop prononcée. Si les p’tits gars de Bezak aiment accélérer la cadence sur quelques passages plus radicaux, c’est dans les tempos les plus lourds, dans les riffs lestés à grands coups d’accords lâchés qu’« Exploded Allusion » trouve son point d’orgue. Un certain petit côté rock’n’roll de même que les effluves digérées d’influences southern font également partie de l’équation faussement simpliste de RUN OF LAVA. Car, à bien y écouter, le groupe n’a strictement rien inventé en matière de métal. Les riffs ne sont pas particulièrement créatifs. Les zicos connaissent leur affaire et sont méchamment en place, c’est un fait, mais ne sont pas des virtuoses pour autant. Le chant propose des variations intéressantes mais pas franchement spectaculaires. Par quel prodige ce groupe s’attire-t-il les faveurs de tous ces médias ?

C’est tout simplement par la qualité de ses compositions et par l’intelligence avec laquelle RUN OF LAVA régurgite ses inspirations multiples. De ce fait, le groupe n’est pas directement associable à un courant bien particulier si ce n’est celui d’une imparable efficacité et lorsque RUN OF LAVA s’essaye à l’exercice de style d’une reprise aussi casse-gueule que celle de l’atypique « Electric Funeral » de BLACK SABBATH c’est pour se l’approprier, pour le tourner à sa sauce et en faire un morceaux un peu différent du reste de l’album sans perdre une once de cohérence. Pas étonnant que bons nombres de chroniqueurs ne soient passés à côté de ce vibrant hommage si personnalisé.

Quant à savoir quelle serait la meilleure étiquette pour labelliser RUN OF LAVA, on s’en cogne. L’essentiel, c’est que ça marche, que ça rentre dedans et que ça soit bon. Le reste…


Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 10636