RUINS – Spun forth as dark nets (Neurotic records/Adipocere) - 11/11/2005 @ 17h13
Si l’on tient pour argent comptant la doctrine voulant que le black métal soit une affaire exclusivement européenne, il arrive néanmoins que des exceptions transgressent cet adage et que les protagonistes du continent américain fassent aussi bien sinon mieux. Certains voient en cela une forme d’héritage historique, des rigueurs climatiques ou encore les influences d’une certaine spiritualité nordique. RUINS fait partie de ces outsiders venus de lointaines contrées et plus précisément d’une petite île de l’hémisphère Sud, voisine de l’Australie : la Tasmanie.

C’est la seconde fois qu’un représentant de « l’île du diable » défraye les chroniques en l’espace de quelques années puisque la découverte de PSYCROPTIC avait suscité un engouement immédiat et mérité. Pas étonnant de retrouver derrière les fûts de RUINS, David Haley (batteur de ces mêmes PSYCROPTIC mais également de THE AMENTA) qui semble s’imposer comme l’un des tous meilleurs marteleurs des Antipodes.

En fait, le projet de RUINS date déjà de quelques années puisque c’est en 2003 que le groupe enregistre sa première démo qui lui vaut rapidement un contrat avec Blacktalon Media et la sortie d’un mini cd en 2004 « Atom and time ». Tout ça pour nous amener à peine un an plus tard à ce « Spun forth as dark nets » et ses huit brûlots.

Axé autour d’un duo d’illuminés en les personnes de David Haley, comme cité plus haut, et du multi-instrumentiste Alex Pope, RUINS frappe un grand coup avec ce premier album et parvient presque à se hisser au niveau des légendes nordiques. C’est une version très atmosphérique du black métal qui nous est proposée ici, à ceci près qu’aucun synthé n’a été utilisé pour renforcer la mise en scène d’une fresque particulièrement glaciale.

Le véritable mur sonique qui caractérise ce disque n’est que le fait des riffs, des harmonies de guitares et des changements rythmiques continuels d’un batteur inspiré. Tandis que les six cordes tissent une toile d’accords mid-tempos, la batterie semble animée d’une fureur animale et mitraille par des blast presque perpétuels. L’ambiance est froide, aride de toute émotion et les coassements incantatoires déshumanisés d’Alex Pope ne sont pas là pour détendre l’atmosphère. Le résultat n’offre d’autre échappatoire que celle de l’imparable efficacité, magnifiée par une technicité rythmique de haut vol et un sacré sens de la composition.

Les plus blasés harangueront que RUINS n’a strictement rien inventé, que les influences de groupes comme SATYRICON ou IMMORTAL sont plus que manifestes et ils auront cent fois raison puisque c’est la plus stricte vérité. En revanche, les quelques minutes d’incantations psalmodiées en guise de ghost track final étaient tout à fait dispensables et elles ôtent un soupçon de crédibilité à l’œuvre globale ; mais il serait de mauvaise foi que de ne pas reconnaître les grandes qualités de RUINS qui, au travers de « Spun forth as dark nets », se positionne comme un second couteau de choix.

Le grain de sel de Prince de Lu
Suite à l'écoute de Ruins, Tonton m'a proposé d'ajouter mon humble avis sur cette sortie australe. Etant donné que mon aîné velu s'est épanché et vous a donné un maximum d'infos, je vais pouvoir me concentrer sur le côté black de la chose. Après m'être enfilé le premier titre éponyme et l'intro de "Cold Dark Sea", je me suis clairement dit qu'on tenait un gros truc. Au programme, gros black/death bourrin et puissant dans la lignée de Hate Forest ou Aeternus dans sa période transitoire. Mais au fil de l'écoute, j'ai déchanté. Bien loin de l'enthousiasme de Tonton, je ne considère pas Ruins comme un challenger potentiel de la scène black européenne.

Ruins n'essaie pas d'imposer une ambiance écrasante par un pilonnage répétitif de motifs rythmiques. Non, chez Ruins, ça bouge tout le temps. La relative "simplicité" des riffs de guitare n'est pas spécialement exploitée et n'est pas contre-balancée par des leads. C'est clairement l'excellent batteur qui mène la danse. Donc, au final, les rythmiques de guitare changent mais se ressemblent, tremolos et accords plaqués se contentant souvent de suivre les breaks et autres circonvolutions martelées. La voix est assez monocorde sans être déplaisante, dans le style de l'Immortal Abbath, ce qui n'introduit pas de variété supplémentaire.

Je reconnais que le style du groupe n'est pas inintéressant, qu'ils n'essaient pas de pomper les européens et que c'est techniquement impeccable. Mais hormis quelques passages trop épars cet album manque de mises en place d'atmosphères haineuses comme sait en offrir un Hate Forest avec les mêmes arguments. Il me semble que ce "death blackened" satisfera bien plus les amateurs de death à la recherche d'un son un peu nouveau que les aficionados du black qui ont plus "ivol" à se mettre sous la dent. Mon désaccord avec Tonton sur le black américain s'étend désormais jusqu'aux antipodes, tellement nos critères divergent (j'ai bien aimé l'outro, moi). Désolé Tontounet, je ne donnerai pas plus de 11 à cet album.

http://www.ruinsband.com/ - 274 visite(s)

No trace of rumour - 305 téléchargements


Rédigé par : Tonton et Prince de Lu | 15/20 Tonton - 11 | Nb de lectures : 12820




Auteur
Commentaire
Le Slave Barbu
Membre enregistré
Posté le: 11/11/2005 à 18h39 - (20933)
VOILA un beau débat sur un album !

bravo messieux.



chocorem
Membre enregistré
Posté le: 04/12/2007 à 12h59 - (50116)
D'autant plus que l'album est interessant, bien produit et que les compos sont réussies

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