Cycle Swarm Of Nails, 3/3

Le post-rock, ça passe toujours mieux le dimanche. Parce que quitte à devoir passer de longues heures à soupirer en souhaitant que cette journée passe le plus vite possible, autant le faire en musique. Et donc rien de tel que de longues plages posées et mélancoliques de 8 minutes pour rester déambuler à domicile en se traînant avec une grosse gueule de bois et les mêmes sous-vêtements que la veille.

Mais il y a de meilleures bandes-sons que d'autres pour ces activités hautement productives, et la première livraison de RQTN est de celles-là. Derrière ce patronyme aux allures de début de tirage malheureux à Des Chiffres Et Des Lettres, se cache Mathieu Artu, ex-guitariste des éphémères post-hardcoreux rennais d'Atheist Prayer. Équipée on-ne-peut-plus sommaire, mais suffisante pour délivrer un post-rock instrumental finement ciselé et classieux, fortement teinté d'une mélancolie qui se veut l'écho des après-batailles de la Seconde Guerre Mondiale.

Et effectivement, on sent que l'on est en aval des charges de Panzer d'Hail Of Bullets, puisque c'est au carillon que nous sommes accueillis, rapidement enveloppé par de suissesses mélodies et d'un violon que l'on jurerait échappé des premiers travaux de The Evpatoria Report. Mais là où ces derniers ont récemment échoués à mettre en place une vraie dimension contemplative, RQTN y parvient, grâce à la fragilité palpable qui hante ces cinq titres. Ni trop pompeux ni trop minimaliste, l'équilibre est idéal, et le souci du détail qui fait la différence omniprésent, tel ces samples d'averse en toile de fond de "She Left Me When I Was On The Battlefield".

Le point culminant de cet EP se trouvera sur le dernier titre, "Passing Out In Front Of Us", à l'instru qui se voit magnifiée par les vocalises de Gregory Hoepffner, qui, lorsqu'il ne balance pas des riffs de montagnards et des hurlements à se décoller la plèbre au sein de Time To Burn, fait (faisait, maintenant) étalage de ses capacités dans un registre plus posé au sein de Radius System. Ici, le résultat a une classe affolante, avec un sens du spleen calé entre Team Sleep et Jesu. Un bijou, qui justifie à lui-seul l'achat de cet EP.

Voilà donc un premier jet arrivé plus ou moins de nulle part, et qui fait déjà preuve d'une maîtrise et d'une maturité bien poussée pour le genre. Et le gaillard est du genre productif, puisqu'un album qui verra les participations de Gregory Hoepffner et de son homologue hurleur chez Einna est actuellement en cours de composition. Je profite d'ailleurs de ma conclusion pour glisser un mot sur un EP de trois titres fraîchement mis en téléchargement. Toujours du travail d'orfèvre, plus éthéré, plus cinématographique. De quoi plomber un peu plus vos dimanches pluvieux et solitaires. Ne passez pas à côté.


Rédigé par : Crown_Me | 7,5/10 | Nb de lectures : 10016