RPWL - The RPWL Experience (InsideOut/Wagram) - 03/06/2008 @ 09h28
Il en va avec RPWL comme avec toutes les formations « typées » ayant fixé leur attention sur une époque en générale et un groupe en particulier. Le risque de lasser est toujours suspendu au-dessus de leur tête comme l’épée de Damoclès. Si vous avez suivi les épisodes précédents sur VS, vous savez que pour le quatuor allemand, l’époque référence est la décennie 70 et le groupe phare le Grand Floyd.

Depuis "God Has Failed" en 2000, s’il imite le Maître, le groupe peaufine cependant un style plus direct que la bande à Waters avec un son moderne et des arrangements sophistiqués. A en juger par l’accueil, ça a plutôt bien marché jusqu’à présent avec quelques nuances dans les réactions : manque d’originalité pour certains ou pérennité salutaire et talentueuse du rock atmo/psychédélique pour les autres.

Que l’on se situe dans un ou l’autre camp, on ne peut que saluer le professionnalisme avec lequel ils s’entêtent dans la célébration et l’hommage. Personnellement, si ma place est davantage parmi les ravis de la crèche, je conçois que d’autres ne soient pas frappés de la même révélation. D’autant que je l’admets de bonne grâce, parfois l’hommage flirte avec la caricature.

Pour ce 4ème album, on aurait pu s’attendre à ce que les Allemands pratiquent le changement dans la continuité ou si vous préférez la technique du « comment se renouveler sans faire fuir les fans ». C’est en partie vrai. Néanmoins, si l’on met de côté l’inévitable et encombrante référence sus mentionnée, on peut tout de même constater une légère évolution. Le durcissement des guitares et un plus gros son que d’ordinaire les rapprochent des dernières productions de la scène métal atmo décidément très à la mode par ces temps. P.TREE en étant bien évidemment la figure de proue.

Je profite d’ailleurs de cet écart pour vous parler d’une jeune formation américaine nommée Abigail’s Ghost qui, elle, pousse l’imitation jusqu’au mimétisme ce qui en fait le meilleur clone des Anglais. (Notamment le chant de Joshua Theriot). Comme Dungorpat qui vous l’a à maintes reprises signalé, je vous conseille fortement leur premier album "Selling Insincerity" paru en 2007. (Asperus Music ref AMCDAG03). D’ailleurs, Dungorpat vous en fera la kro dès que sa pile de CD en retard aura ostensiblement diminué… ;o)

Mais revenons à nos moutons allemands et à leur 4ème album. Un album qui démarre en fanfare avec un "Silenced" (9min52) fort surprenant de leur part. Rythme soutenu, riff lourd, voilà un visage nouveau, ma foi, très séduisant et qui incarne à lui tout seul ce virage métal. Je vous le dis tout de suite ce titre est le meilleur de l’album et probablement de tout ce que le groupe a produit jusqu’à ce jour. D’un niveau de qualité équivalent à des titres comme "Sleep" ou "Start The Fire".

"Breathe In Breathe Out" (3min52) est, par contre, bien dans l’esprit RPWL mais sonne comme une ballade pop rock mid tempo. Et là, pour le coup l’intensité donc l’intérêt baissent d’un cran. Ce n’est pas un mauvais morceau mais la rupture avec ce qui a précédé est brutale.

Et l’intrusion opportuniste ou accommodante dans la maison pop se poursuivrait avec "Where Can I Do" si le titre n’affichait ses 7min19 au compteur lui permettant un final moins formaté.

"Masters of War" (min’17) ne laisse planer aucun doute sur la véritable adoration que RPWL voue au Floyd. Peut-être l’approche-t-il comme jamais il ne l’a fait auparavant. Certains y verront même un pompage éhonté de "High Hopes". Je ne dis pas le contraire mais alors il s’agit d’un pompage de grande classe… car ce titre est une reprise du "Masters Of War" de Bob Dylan ! Certes réarrangé à la sauce RPWL, pardon, Floyd période Wish…" ou "Division Bell". Peu importe, ça reste un grand moment de l’album. C’est là qu’il faut vous dire que ce titre laisse transparaître l’engagement antiguerre du groupe. Enfin, surtout de son chanteur Yogi Lang.

"This Is Not A Prog Song" (5min37) est une plaisanterie qui a pour vertu essentielle l’autodérision mais vise également les gens qui pensent que le groupe allemand en fait trop dans l’hommage. C’est son seul attrait car musicalement elle n’offre aucun intérêt. Tenez, je ne résiste pas à l’envie de vous livrer des extraits des lyrics: « Have you heard their sound, the new one is the worst they’ve ever done no identity. Their music is just waste under the sun. (…) They are a german band who try to play the music of Pink Floyd.”
Lucide et drôle, non?

Je passe sur "Watch Myself" (6min00) trop ramolli du manche à mon goût. "Stranger" (8min32) retient davantage l’attention, en témoigne son entame bien lourde et grassement riffée dans le plus pur style métal à l’instar de "Silenced". Je dois avouer que, décidément, cette direction métal me plaît beaucoup.

L’intro de "Talk To The River" (7min52) repose sur une base voix/guitare acoustique accompagnée de la voix douce de Yogi avant de connaître un intermède « bruitiste » et une conclusion plus orchestrée. Surprenant ce break au milieu du morceau. Remplissage ?

Choisissez bien vos programmes TV et ne vous laissez pas engloutir par le consumérisme. Sur un rythme bien enlevé, c’est le conseil que donne "Choose What You Want To Look At" (5min04).

Le synthé et le mellotron de "Turn Back The Clock" (6 min37) nous rappellent que si le quartet allemand vénère Pink Floyd, il ne renie pas pour autant les autres « grands anciens » que sont ELP ou Genesis. C’est pourquoi la partie centrale et le final nous emmènent tout droit vers "A Trick Of The Tail". Et ce n’est pas une faute de goût. Je dirais même qu’il s’agit d’un final en apothéose.

Je suis près à parier un baril de brut que "The RPWL Experience" ne fera pas l’unanimité. Pour les raisons évoquées dans cette kronike, les détracteurs vont une nouvelle fois se déchaîner autour de leur thème favori à savoir la récurrence trop évidente au groupe de Waters/Gilmour.

Je crois plutôt que la vraie querelle devrait se focaliser sur la présence inhabituelle de ces 2 ou 3 pièces vraiment faibles dont le groupe a parsemé son 4ème album. Là est la vraie nature des récriminations. Pour le reste, l’orientation métal de quelques titres et surtout la perpétuation du style maison dans un nombre suffisant d’autres permet de renouer avec la magie du groupe. Et personnellement, je saurai m’en satisfaire.


Rédigé par : Karadok | 15/20 | Nb de lectures : 10451




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Commentaire
Joss
Membre enregistré
Posté le: 03/06/2008 à 16h36 - (57685)
Un sympathique album. Perso ce n'est pas l'influ du Floyd qui me gène car je la trouve plutot bien digerée et pas si évidente que ça. Pour moi c'est plutot l'influ trop voyante de Porcupine T. qui me gêne, même si elle n'est vraiment voyante que sur 3 ou 4 morceaux au plus. Celà dit cet album est très agréable à écouter même si il ne révolutionne pas le genre (et je trouve ça bien mieux que l'album de Demians pour rester dans le domaine du prog/rock actuel)



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