Quand j'ai découvert que Greg m'avait envoyé le nouveau Rotting Christ, j'ai d'abord fait la grimace. J'ai décroché des travaux des grecs depuis le sympathique (sans plus) "Triarchy of the Lost Lovers". J'ai bien tenté une écoute de "Genesis" à sa sortie, mais rien n'y a fait. Je n'accroche pas à la période "love" de Rotting Christ. Et personne ne m'avait envoyé de SMS pour me dire qu'ils avaient remis un peu de black dans leurs compos. Donc, je ne vous cache pas ma surprise quand j'ai jeté une oreille sur "Theogonia". D'abord timide sur "Sanctus Diavolos", l'ambiance est bien de retour pour ce neuvième album en déjà vingt ans de carrière.

Alors, oui, musicalement on reste loin de l'abyssal "Passage to Arcturo". Rotting Christ ne fait pas un retour aux sources, même si le groupe reste plongé dans l'occultisme. Le style reste calé sur un black/gothique accessible mais très efficace et qui met le feu à la scène à chaque tournée. Seule la voix de Sakis Tolis est vraiment agressive et la structure des compositions couplet-refrain-pont reste archi-classique. Mais l'intrusion de nombreux samples et les enchaînements de riffs très bien faits permettent de mettre en place des moments de pure anthologie. Je frissonne systématiquement pendant le refrain de "Enuma Elish", avec son chant féminin et ses samples d'instruments traditionnels indiens. Ce titre est LE brûlot de l'album (et d'ailleurs l'extrait proposé. Ils sont malins ces grecs). Les voix de démon de "Rege Diabolicus" font aussi mouche, ainsi que des instants limite folk de "Nemecic". L'ambiance du morceau final "Threnody" est excellente, ramenant au meilleur de "Triarchy of the Lost Lovers". Bref, ce "Theogonia" recèle des pépites et les bonnes idées n'ont manifestement pas manqué lors de sa conception.

Au terme de nombreuses écoutes, on constate quand même que deux titres ne sont pas au niveau et sonnent un peu remplissage, surtout placés après des moments de grosses émotions. Le pauvre "Gaia Tellus", placé après "Enuma Elish", n'apporte strictement rien et le titre le plus goth "Phobo's Synagogue" est bien plat surtout après l'efficace et mélodique "He, the Aethyr" et son riff en tapping. Mais ce sentiment est bien minoritaire dans un album qui est globalement très bon. La production sans faille, puissante et nette, permet de restaurer une homogénéité de façade. Et, je suis certain que le groupe saura oublier ces morceaux plus standard et extraire de "Theogonia" la poignée de titres-phare pour compléter sa setlist de tournée.

A noter que l'album inclut un DVD avec des morceaux live. J'aurai plus de détails quand je l'aurai acheté. Je vous laisse en parler en primeur. Je vous laisse également traîner sur le MySpace du groupe (www.myspace.com/rottingchristabyss) ou visionner leur vidéo "Keravnos Kyvernitos" sur leur site web pour vous faire une idée du contenu de ce "Theogonia" et vous convaincre de la qualité de composition de ce neuvième opus. Pour ma part, c'est un bien bon album que voila, différent de mes écoutes habituelles mais porteur d'une ambiance personnelle bien réussie.




Rédigé par : Prince de Lu | 16,5/20 | Nb de lectures : 14897