Les groupes français se plaignent souvent de leur sort et de leur condition sur la scène internationale. S'ils n'ont pas toujours tort, que penser du traitement réservé aux groupes grecs depuis que le métal existe dans ce pays ? A part Demis Roussos et Nana Mouskouri, la liesse populaire n'a jamais véritablement effleuré le pays des Hellènes et pourtant, d'excellents albums ont été produits que ce soit par les inévitables Nightfall, Septic Flesh ou Rotting Christ mais aussi par les moins connus Thou Art Lord, Necromantia ou Varathron. Bref, le défenseur du métal grec que je suis crie à l'injustice flagrante.
Le précédent album de Rotting Christ "Genesis" avait squatté mes platines pendant un bon bout de temps en 2002 et avait logiquement fini bien placé dans mon top de l'année en question. Je me réécoute même souvent avec plaisir ce disque qui a vu les christs pourris revenir à des intentions plus brutales, en relevant leur dark-metal excellent d'une bonne couche de black et de la touche occulte obligatoire dans toute production grecque. Ce "Sanctus Diavolos" ne décevra pas ceux qui ont aimé "Genesis". L'esprit reste le même même si les compositions sont dans l'ensemble moins simples. On retrouve des choeurs à la Septic Flesh ("Thy wings thy horns thy sin"), des morceaux plus heavy avec des gros riffs ( l'incroyable "Athanati Este", "Doctrine", "Serve in heaven") et des pures pièces de dark-metal angoissant à souhait ("Sanctimonius", "You my cross", "Sanctus Diavolos"). Même si j'ai volontairement séparé certains mouvances pour des besoins d'interprétation stylistique, tous ces styles sont souvent présents dans le même titre, c'est simplement le pourcentage qui change. Le seul morceau vraiment déconcertant est "Shades of evil" dont on aurait peut-être pu se passer car son étrange rythmique casse un peu la dynamique de l'album. Sinon l'ensemble est d'une cohérence rare, comme c'est à chaque fois le cas avec Rotting Christ, quel que soit le style qu'ils abordent.
Si le mixage est moins réussi que pour "Genesis" -certains passages sont confus et les choeurs ressortent plutôt mal-, l'ambiance globale de l'album est toujours aussi géniale. C'est sombre et dynamique à la fois, très intense dans l'exécution, chargé de bons riffs et d'atmosphères vraiment mystiques (le final hallucinant "Sanctus Diavolos"). Si les stricts amateurs de black-metal pouvaient reprocher au prédécesseur d'être un peu trop direct et accessible, ils pourront se consoler de fort belle manière avec ce "Sanctus Diavolos" particulièrement réussi qui aborde l'univers de Rotting Christ de manière plus dense et plus complexe sans perdre de cette aura si particulière. La discographie du groupe peut s'enorgueillir d'un nouveau représentant de choix. Merci à eux de rester intègres et de me faire plaisir à chaque nouvelle sortie.


Rédigé par : Loufi | 16,5/20 | Nb de lectures : 10721