Attention boucherie !!! Avant de poursuivre plus en avant les deux premiers mots de cet article, je me dois de préciser que ce cinquième album de ROTTEN SOUND se situe dans l’exacte continuité du mini « Consume to contaminate » sorti l’année dernière. Il me semble donc favorable à l’épanouissement de tout un chacun et principalement aux amateurs de ROTTEN SOUND de conseiller aux éventuels détracteurs toujours prompts à venir nous briser les chakras de ne pas s’arrêter sur cette chronique pour venir nous délivrer l’ultime vérité concernant toute erreur d’appréciation (également appelée « goûts de merde ») qui pourrait être commise lors de la rédaction du texte qui suit. Tout simplement parce que le nouveau ROTTEN SOUND botte le fion de façon quasi magistrale. Qu’on se le dise !

Reprenant leur grind là où ils l’avaient laissé sitôt « Consume… » dans la boîte, les Finlandais nous offrent là un digne successeur à « Exit ». Certes on pouvait reprocher à ce dernier et à juste titre, il faut bien l’avouer, une certaine linéarité, un air de famille plus que prononcé entre chacun des vingt titres supersoniques ; une légère tare fréquente dans le grind balancé à haute vélocité.

Et puis, s’en est suivi toute une suite d’événements qui ont conduit ROTTEN SOUND à « Cycles » à commencer par le décès de leur ami et producteur, Mieszko Talarczyk, guitariste-chanteur de NASUM décédé tragiquement en décembre 2004 dans un putain de Tsunami bien connu.
Quelques mois plus tard, après une tournée européenne en compagnie de SAYYADINA, la baraka s’effondra définitivement avec le départ de leur batteur Kai Hahto après plus de dix ans de bons et brutaux services, remplacé rapidement par le batteur de DEATHBOUND.

Le doute était donc de mise pour ROTTEN SOUND qui allait devoir se sortir les doigts pour revenir à son meilleur niveau. Ce qui explique sans doute l’essai de « Consume to contaminate » et les maladresses de sa production.

Tout ça pour nous amener à « Cycles » qui permet aux Finlandais de revenir sur le devant de la scène grind avec une galette aussi abrasive qu’une épilation des roustons au chatterton.
On retrouve avec délice leurs prédispositions aux blasts de malade explosant la norme du BPM moyen. Le groupe a également conservé quelques relents crust qu’on retrouve principalement dans la tournure de certains de ses riffs et dans ses opinions alter-mondialistes présentes des textes jusque dans l’artwork de l’album censé illustrer « la manière dont l’homme est décomposé par sa propre stupidité » (j’invente rien). Enfin, ROTTEN SOUND continue d’œuvrer avec un son de guitare très « death suédois » accordées dans les chaussettes. Fort heureusement, le quatuor a rectifié la petite erreur de production précédente en prenant soin de préserver l’intelligibilité de sa musique. Les riffs aussi gras soient-ils de même que le matraquage soutenu des rythmiques conservent toute leur clarté et évitent ainsi un certain côté brouillon.
Sans doute conscient de l’aspect redondant du passage à tabac systématique et probablement pour pimenter le tout, le groupe a pris le pari d’apporter à sa musique quelques touches variées. En effet, la cuvée 2008 de ROTTEN SOUND connaît enfin la notion de rétrogradation des vitesses. Terminé les albums délivrés, d’un bout à l’autre, pied au plancher avec une louchée de nitro dans le carbu, les grindeux n’hésitent pas à nous plaquer sporadiquement quelques mesures de riffs plombés parfois même lents (oui, oui vous avez bien lu) qui n’ont d’autre effet que de rendre les accélérations plus spectaculaires et plus monstrueuses que jamais. Après, on pourra toujours revenir sur le caractère parfois répétitif du disque, il n’en perdra pas pour autant sa monumentale efficacité et sa puissance imparable.

Avec « Cycles », les Finlandais négocient avec panache, « l’après Mieszko ». D’ailleurs en parlant de Mieszko, bon nombre de fans violentés par tant de brutalité, inscrirait volontiers le nom de ROTTEN SOUND parmi les plus probables successeurs à NASUM, un rôle que je confierais plus volontiers à SAYYADINA pour ma part, mais qui ne ferait pas honte aux regrettés Suédois.

2008 commence bien, les postulants au titre de disque le plus brutal de l’année n’ont qu’à bien se tenir…
« Une boucherie » disais-je…


Rédigé par : Tonton | 17/20 | Nb de lectures : 13537