Vous ne connaissez pas ROTE MARE ? C’est normal. Les Australiens sortent ici leur premier album, après avoir fait leurs armes sur 8 démos et un EP depuis leur création en 2005. Autant dire que les guitares sont aiguisées. D’ailleurs, le groupe s’est lâché puisque ce ne sont pas moins de sept morceaux pour 76 minutes qui composent ce Serpents of the Church. Des morceaux assez longs, puisque cinq des sept morceaux durent plus de 10 minutes, avec un pic à 14 minutes pour "Funeral Song". Vous vous doutez bien qu’il s’agit ici de doom.

Et du doom, vous allez en bouffer avec ROTE MARE. Le tempo est globalement assez lent, forcément. Le premier titre pose bien l’ambiance et annonce la couleur. Si pour vous plus c’est long, plus c’est bon, banco. Les titres sont principalement articulés autour de la guitare, accordée assez bas. La guitare est d’ailleurs suivie très souvent par la basse, qui joue les mêmes parties. Rares sont les passages où les deux instruments s’opposent, mis à part le troisième titre "Slow Decay (Sonic Mantra)", pendant lequel la basse domine largement, la guitare venant ponctuer le titre de petits leads discrets mais efficaces. Le son de la guitare est plutôt velue, organique, et me fait penser à ELECTRIC WIZARD, une des références (évidente) du groupe. Le son de basse est lui bien rondouillard comme il faut, vrombissant à chaque riff. Quant à la batterie, je la trouve légèrement en retrait, mis à part les cuivres. Résultat, on a un album qui tient surtout sur la guitare et la basse, et où la batterie n’est qu’une aide un peu en recul. Le chanteur, lui, varie son organe au gré des titres. Tantôt grave, à la limite du death, il se fait aussi clair, limite timide. Mais c’est quand il est le plus rauque qu’il est le plus intéressant, plus puissant et plus accrocheur que les autres types de chant.

Musicalement, les Australiens font du doom, au sens noble du terme. Puisant leurs influences chez les vieux de la vieille, tels BLACK SABBATH, St VITUS voire TROUBLE, le quatuor écoute également des groupes plus jeunes, et s’en inspire. Aussi, si j’ai déjà cité ELECTRIC WIZARD, on peut également parler de CANDLEMASS, et notamment le quatrième titre, "Funeral Song", qui fait furieusement penser à la période Rob Lowe des Suédois, après une intro Wizardienne. Et comment passer à côté de REVEREND BIZARRE, qui est clairement dans le lecteur CD du groupe. Résultat, un album varié, qui oscille entre le vieux doom un peu enfumé des anciens, et plus rock et rentre-dedans des plus jeunes. Les parties lourdes sont pachydermiques à souhait, alors que les parties plus rapides donnent envie de secouer furieusement de la caboche.

Pourtant, j’avoue avoir eu beaucoup de mal à pondre cette foutue chronique. Pas que Serpents of the Church soit mauvais, au contraire. Leur doom est vraiment bien chiadé, avec des morceaux variés, à la fois plombés et plombant, mais aussi par moments heavy as fuck. Mais dans l’ensemble, l’album est long, très long, et on tombe par moments dans l’ennui. Surtout le premier titre qui a du mal à décoller, avant de monter en puissance, et de retomber aux alentours du quatrième voire cinquième titre. De plus, les nombreuses influences ont parfois du mal à se fondre dans l’ensemble et surgissent un peu trop à l’oreille.

Mais attention, ce premier album est quand même une réussite malgré ces quelques points noirs. Les amateurs de doom y trouveront peut-être un futur grand. Personnellement, si je donne les encouragements, je demanderai quand même au groupe d’assimiler ses influences, d’aller un peu plus à l’essentiel, avec des titres peut-être plus courts, mais plus efficaces. Après tout, ce n’est qu’un premier album, et les Australiens ont le temps de progresser.


Rédigé par : Skay | 14/20 | Nb de lectures : 12891